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LGV Bordeaux-Toulouse et Dax: le gouvernement accélère sur une voie incertaine

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27 septembre 2015

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Selon une dépêche de l'AFP (reprise par exemple ici) et des tweets du secrétaire d'État chargé des Transports, Alain Vidalies, du 26 septembre 2015, le gouvernement a décidé de signer la déclaration d'utilité publique des LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax (en direction du Pays Basque espagnol).
LGV Bordeaux Toulouse Dax
source: dossier d'enquête publique

Il s'agit d'un projet dénommé «Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), Bordeaux-Toulouse, Bordeaux-Espagne».

Quelques sources d'informations:

Les projets sont prévus pour une mise en service en 2024 (Toulouse) et 2027 (Dax).

La justification est facile à comprendre: améliorer la liaison Paris-Toulouse, très lente par rapport à d'autres axes (mais le projet est en concurrence avec l'amélioration de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, moins rapide mais plus directe), et améliorer l'axe Paris-Espagne via la côte basque (axe important au niveau européen).

Cependant cette décision soulève également de sérieuses objections, pour plusieurs raisons:

  • la commission d'enquête publique, particulièrement méticuleuse (et constituée de pas moins de 21 commissaires enquêteurs qui ont étudié un dossier constitué de 16.000 pages A3), a conclu à un avis défavorable unanime, ce qui est rare. La commission d'enquête a admis le gain de temps mais a estimé qu'il ne bénéficiait qu'à une frange favorisée de la population, qu'il favorisait les métropoles aux dépens des villes moyennes, que les alternatives n'avaient pas été étudiées, que le financement et la «rentabilité socio-économique» (le bilan entre le coût, de plus de 8 milliards d'euros, et l'utilité) étaient incertains, que l'équipement était excessivement lourd et peu justifié, que la coordination n'est pas bonne, et qu'une nouvelle gare est située à un endroit incongru.

  • le financement est plus incertain que jamais: déjà la LGV Tours-Bordeaux, pas encore en service, financée par un PPP (consortium Lisea), a suscité l'effroi des collectivités locales qui ont dû financer le projet alors qu'elles ne seront pas (ou presque) desservies par les TGV, et la SNCF a signalé que le prix très élevé des péages lui posaient de gros problèmes.
    La Cour des Comptes a également expliqué l'impasse d'une telle accélération dans la construction de LGV, sur des axes de moins en moins fréquentés et donc peu rentables. Et le financement par PPP ne change rien (au contraire!) au fait que l'État doit payer le coût de ces ouvrages.

  • le projet compte plusieurs «gares des betteraves»: vers Agen (pour les besoins d'une ZAC à Sainte-Colombe-en-Bruilhois, où une ZAD a surgi), vers Montauban (à Bressols, où les élus locaux prévoient aussi des ZAC extraordinaires), vers Mont-de-Marsan, et à deux endroits tellement incongrus qu'on n'ose même pas parler de «gares» mais plutôt de «haltes»: la Halte Sud Gironde (Captieux-Escaudes) et la Halte Côte landaise (Saint-Geours-de-Maremne). La commission d'enquête relève la faible utilité attendue de la Halte Sud-Gironde.

  • parmi les opposants aux projets, on trouve Gilles Savary: député socialiste de Gironde, spécialiste des transports, il n'a eu de cesse de dénoncer la folie de ce projet, à se féliciter de l'avis défavorable de la commission d'enquête, et à appeler à des alternatives plus raisonnables. Les élus favorables au projet sont beaucoup plus nombreux, mais souvent moins qualifiés.

Une conséquence évidente pour notre région est que le budget d'investissement dans le réseau ferroviaire va être très sollicité, et qu'il sera donc difficile de lancer rapidement la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP), ce que tout le monde (même Philippe Saurel) considère comme un préalable pour que la gare de la Mogère puisse avoir une certaine utilité. De plus, tant que le projet LNMP est aussi mal ficelé (actuellement, il comporte un tronçon interdit aux trains de fret, entre Béziers à Perpignan, alors que tout le reste de la ligne entre le port de Barcelone et l'Est de Nîmes est une ligne mixte marchandises et voyageurs), il aura à l'évidence du mal à s'imposer.


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