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Le premier train de fret commercial a circulé sur le CNM (contournement de Nîmes et Montpellier)

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11 décembre 2017

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Le CNM, cette ligne de fret abusivement appelée «LGV», vient de voir passer ses premiers trains de marchandises.
Pendant ce temps, les élus réclament des LGV mais ne semblent s'intéresser ni à leur financement ni à leur utilisation

Le dimanche 10 décembre 2017, le premier convoi commercial de fret ferroviaire a emprunté le nouveau Contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier (CNM).

«Édouard Paris», du site web Tramway de Montpellier, était là, dans le froid et la bruine pénétrante, pour immortaliser l'évènement, ce qu'il a fait sur la page ci-dessous:

10 décembre 2017 – Premier(s) train(s) de fret sur le contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier

Notre ami a donc vu passer 2 trains, tracté par des locomotives BB 26000: il s'agit de locomotives électriques puissantes, à moteurs synchrones, et surtout «bi-courant», c'est-à-dire qu'elles sont capables de circuler à la fois sur des lignes électrifiées en 25 kV 50 Hz (nord de la France, LGV et lignes nouvelles), et en 1500 V continus (tension utilisée principalement sur les lignes classiques du sud de la France, les pays voisins utilisant plutôt du 3000 V continus). Ceci est indispensable, car il y a un changement de tension à l'endroit où le CNM rejoint la voie historique Montpellier-Sète.

Grâce au contournement ferroviaire, on peut espérer que le fret ferroviaire devienne plus compétitif, y compris sur des distances très longues comme Pékin-Madrid («route de la soie ferroviaire»), où le train est plus rapide que le bateau. Malheureusement, ce sont rarement des marchandises françaises, la France ayant très largement abandonné son fret ferroviaire et ses gares de marchandises, à l'instar de Montpellier où la gare de marchandises et le terminal rail-route de containers ont été fermées et doivent se transformer en hauts immeubles, de façon à empêcher que cette grave erreur historique ne soit rectifiée lorsque l'on commencera à la regretter.

Un autre bénéfice attendu est une régularité améliorée pour les trains de voyageurs (TGV, Intercités, TER), qui vont continuer à utiliser la voie Montpellier-Nîmes.

Les élus locaux continuent à réclamer des «LGV» (lignes à grande vitesse)

Le mot d'ordre «Oui aux LGV» est d'actualité chez les élus locaux. Mais dommage qu'ils aient tant de mal à préciser quelles lignes, pour quel usage, et avec quel financement! Sans parler de l'impact, souvent non négligeable sur le plan écologique et des nuisances, et qui interdit de construire de tels ouvrages si leur utilité n'est pas démontrée.

La mobilisation des élus est toutefois en ordre dispersé: le maire de Montpellier, Philippe Saurel, a vainement tenté de réunir les autres élus derrière lui (qui espère surtout qu'une LGV Montpellier-Perpignan pourrait enfin rendre utile la gare TGV de la Mogère), même si plusieurs maires se sont montrés avec lui, dont le maire de Béziers, Robert Ménard, qui pour sa part a multiplié les provocations sur ce sujet comme sur les autres.

La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, a choisi des partenaires plus inhabituels: sa campagne «LGV Oui» s'appuie en grande partie sur le groupe de presse de la famille Baylet (la Dépêche du Midi, le Midi Libre, l'Indépendant de Perpignan) qui prend ouvertement parti pour cette campagne au lieu d'informer ses lecteurs de façon objective, et sur le président du CESER (comité économique, social et environnemental régional), Jean-Louis Chauzy, qui défend également cette campagne en oubliant qu'il est censé représenter un comité pluraliste.

Reste que cette campagne publicitaire omet soigneusement de répondre aux questions qui fâchent, telles que:

  • Quelle priorité, entre Montpellier-Perpignan et Bordeaux-Toulouse?
  • Concernant Montpellier-Perpignan, la ligne serait-elle intégralement ouverte au fret?
    Le projet actuel ne prévoit une ouverture au fret que sur Montpellier-Béziers, de façon incompréhensible, sachant d'une part qu'il faut aller jusqu'à Narbonne pour rejoindre la ligne vers Toulouse, d'autre part qu'il y a des portions sujettes à risque de submersion marine sur l'actuelle ligne Béziers-Perpignan, et enfin que le tronçon Béziers-Perpignan serait du coup l'unique tronçon inaccessible aux trains de fret de toute la voie nouvelle de Nîmes jusqu'au port de Barcelone.
  • Concernant Bordeaux-Toulouse, ceci revient-il à abandonner la ligne classique Paris-Orléans-Limoges-Toulouse?
    Par ailleurs, il y a des projets de gares TGV associées, au sud de Montauban, ainsi qu'à 10 km d'Agen (à un endroit particulièrement incongru, sur la commune de  Sainte-Colombe-en-Bruilhois)
  • Par quel miracle tous ces projets pourraient-ils être financés?

Le projet d'une LGV Toulouse-Narbonne, permettant des TGV Toulouse-Montpellier, semble en revanche abandonnée.

Rappelons que, lors des États Généraux du Rail et de l'Intermodalité (EGRI), ce sont les «transports du quotidien» qui ont été plébiscités par les citoyens et usagers, ainsi que le fret, tandis que les intervenants ont été particulièrement peu favorables aux gares TGV excentrées. Il ne s'agirait pas d'oublier les conclusions de cette consultation du public!

À Manduel, le chantier de la gare TGV démarre dans le flou le plus total

Après la construction en douce et sans autorisation des quais de la gare TGV de Manduel (à 15 km de Nîmes) pendant l'été 2016, les travaux principaux de construction de cette autre gare TGV excentrée démarrent, mais on ne sait toujours pas pour quoi faire.

Le premier problème concerne l'accès au site:

  • une liaison TER est possible, mais elle serait bien trop peu fréquente et mal synchronisée si elle n'était assurée que par les TER actuels (qui risqueraient en outre d'être saturés). Si elle était assurée par des navettes dédiées, personne ne se propose pour en financer les coûts d'investissement et d'exploitation, ni pour financer l'adaptation des gares de Manduel et de Nîmes, et la présence de cette navette risquerait d'encombrer la gare de Nîmes.
  • les correspondances seraient de toute façon difficile pour certains voyageurs, par exemple ceux venant d'Alès.
  • en voiture (pour les voyageurs disposant d'une voiture), la route est largement insuffisante, le trajet serait long, et l'impact environnemental énorme.
  • en transports publics, on ne parle pour l'instant que des misérables lignes périurbaines existantes.

Le deuxième problème concerne l'impact environnemental:

  • le site se trouve en partie sur une zone protégée européenne «Natura 2000», destinée à empêcher la disparition des outardes cannepetières (un oiseau vivant dans les plaines agricoles) du territoire français
  • en sous-sol se trouve une nappe phréatique, à très faible profondeur, très fragile, et très utile pour les besoins humains. La construction d'une zone d'activités à cet endroit semble particulièrement inapproprié. Outre le grave problème posé par le risque de pollution, il y a là de sérieux problèmes techniques.

Le troisième problème concerne la zone d'activités (car à Nîmes comme à Montpellier, il n'y a aucun mystère que la gare TGV est uniquement un prétexte pour construire une grande zone d'activités, dont les élus attendent contre toute logique que la gare augmente son attractivité):

  • le site étant excentrée et mal desservi, personne n'a encore été capable d'expliquer à quoi elle pourrait servir, et la nature des activités qui seraient censées s'y installer, d'autant que l'agglomération de Nîmes regorge déjà de zones d'activités, de zones commerciales et d'autres zones logistiques.

Pendant ce temps, le maire de Nîmes et le président de l'Agglomération de Nîmes, en conflit larvé depuis longtemps, ont officialisé leur divorce (rappelons qu'ils sont du même bord politique), ce qui n'arrange rien.

Accessoirement, il serait question de baptiser cette gare «Nîmes Pont du Gard» (après «Manduel» et «Nîmes-Manduel-Redessan»), avec toutefois l'inconvénient que cette gare est plutôt éloignée de Nîmes et plus encore du Pont du Gard, et qu'elle se situe en pleine cambrousse et donc pas vraiment à un endroit attractif pour la plupart des touristes: il est étonnant de construire un ruineux «musée de la romanité» non loin de la gare de Nîmes et de tenter ensuite de faire arriver les voyageurs à Manduel plutôt qu'à Nîmes.



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