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DUP de Manduel signée;
Jannin battue: à cause de la Mogère?

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25 juin 2017

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* Signature des DUP «gare TGV de Manduel» et «voie d'accès»;
* L'immobilier dans la défaite surprise de Stéphanie Jannin aux législatives;
* Les LGV vers la Bretagne et vers Bordeaux

Les Déclarations d'Utilité Publique (DUP) de Manduel

Le préfet du Gard, Didier Lauga, a signé les arrêtés de DUP «gare TGV de Manduel» et «voie d'accès à la gare TGV». Il est probable que ces arrêtés préfectoraux donneront lieu à des actions contentieuses.

Ces arrêtés ont été publiés sur le site web de la préfecture du Gard (gare: pp. 35-77; voie d'accès: pp. 78-90).

Comme prévu, ils actent le saucissonnage total de l'opération, contrairement à ce qu'exige la loi et à ce que demandait l'Autorité environnementale du CGEDD (Conseil général de l'environnement et du développement durable). Alors que l'objectif principal est le lancement d'une grande opération immobilière, cette opération immobilière dite «Porta Magna» n'a pas été incluse dans l'étude d'impact.

À propos de cette opération immobilière, on sait d'ailleurs peu de choses, sauf qu'elle doit détruire des espaces naturels protégés au niveau européen et qu'elle est d'une rare absurdité. L'Agglo de Nîmes évoque tour à tour:

  • L'installation du distributeur Orchestra (vêtements pour bébés), en faisant miroiter à tort de nombreux emplois qualifiés (à tort car le siège doit rester à Castelnau-le-Lez et qu'il ne s'agirait que d'un pôle logistique). Ce hangar logistique n'aurait aucun lien avec la gare TGV, et il ne serait en réalité pas à proximité de la gare Manduel-TGV mais dans la ZAC de Grézan.

  • La construction d'une grande salle de spectacle (sur le modèle de l'Aréna de Pérols, d'ailleurs en quasi-faillite), comme l'indiquait France Bleu Gard le 15 juin 2017. Pourquoi installer un tel équipement à un endroit aussi mal desservi? Et quel intérêt pour Nîmes, qui ne manque pas de grandes salles, dont les emblématiques arènes romaines?

  • La construction d'un équipement sportif, à l'image du stade de foot décidé par Philippe Saurel pour remplir la zone immobilière de la Mogère à Montpellier. Le Midi-Libre en parle au passage dans un article publié le 9 juin 2017. Mêmes remarques que pour la salle de spectacles.

Stéphanie Jannin... battue à cause de la Mogère?

L'hypothèse est simplificatrice, et pourtant... c'est bien un problème d'immobilier.

Dans la 2e circonscription de l'Hérault, la plus urbaine des 5 circonscriptions qui couvrent Montpellier et la seule à être intégralement située à Montpellier, les législatives de 2017 ont vu la victoire de Muriel Ressiguier (Parti de Gauche, «France Insoumise»), face à Stéphanie Jannin (protégée de Philippe Saurel, «En Marche»).

Cette défaite de Stéphanie Jannin est une surprise, dans une élection qui a vu la victoire des candidats portant l'étiquette «En Marche», quelque soit leur âge, expérience, orientation politique, ou moralité. Car en plus de l'étiquette «En Marche», Mme Jannin portait le soutien du maire de Montpellier, Philippe Saurel, et sa réputation de première adjointe chargée de l'urbanisme: sa défaite semblait impossible, y compris à l'issue du 1er tour. C'est un nouveau mauvais signe pour Mr Saurel, après son score médiocre aux régionales, s'il envisageait de renouveler son mandat de maire.

Mme Jannin a sans doute souffert quelque peu de l'annonce de son prochain procès pour suspicion de prise illégale d'intérêt, concernant des décisions qui auraient bénéficié à son mari, architecte comme elle. Mais les électeurs français sont habituellement peu sensibles à ce type d'informations, et ils étaient loin d'être tous informés de ce futur procès.

Elle a donc peut-être surtout été sanctionnée pour sa participation à une équipe municipale qui a immédiatement renié ses promesses, et particulier en matière d'urbanisme. Tel ce quartier Oz (où se situe la gare de la Mogère), que Saurel promettait d'arrêter pour mettre fin aux errances de son prédécesseur et à des arrangements qu'il estimait choquants avec le président de la CCI. En réalité, Saurel a accéléré le projet Oz avec le soutien de son prédécesseur et du président de la CCI, et a multiplié les décisions pour l'alimenter à coup d'argent public (stade de foot par exemple).

Plus généralement, les électeurs voient bien que la mairie et la Métropole sont dans une fuite en avant vers les projets immobiliers, et ils le vivent mal.

Face à Mme Jannin, Mme Ressiguier et son suppléant René Revol se sont fait connaître sur la défense de l'écologie urbaine et des usagers, et notamment contre la gare TGV de la Mogère. René Revol est d'ailleurs l'auteur du seul recours encore en cours: il a récemment annoncé faire appel du rejet de son recours au TA de Montpellier contre le PPP de financement de la gare de la Mogère.

Que ceci serve de leçon à quiconque brigue une (ré)-élection!

La Gazette de Montpellier affirme que Carole Delga serait prête à céder

Il faut accueillir avec circonspection des informations de l'hebdomadaire locale «La Gazette de Montpellier» car il est très fortement lié à la Métropole de Montpellier. Au point, d'ailleurs, de ne pas dire un mot de l'élimination de Stéphanie Jannin aux législatives, pourtant l'élément le plus marquant des résultats locaux.

La Gazette publie donc, le 21 juin 2017, une interview de la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, faite le 15 juin 2017, et retranscrit ceci:

  • selon Mme Delga, la SNCF doit permettre une hausse de 30% du nombre de TER pouvant circuler (c'est exact: la possibilité d'augmenter la capacité fait partie du contrat de financement du CNM, grâce à la déviation des trains de marchandises)
  • or ce n'est pas le cas (on peut en deviner les causes: d'une part il y a aujourd'hui bien moins de fret ferroviaire qu'au moment où a été signé le contrat, et d'autre part la SNCF va installer des portiques de filtrage pour l'accès aux TGV à la gare St-Roch, ce qui risque de pénaliser l'accès des voyageurs aux TER)
  • et donc, Mme Delga prolongerait de 6 mois la convention actuelle (mais s'agit-il réellement la convention SNCF-Région sur les TER, ou bien plutôt de la suspension du financement de la gare TGV?)
  • toutefois, la Région pourrait financer la gare de la Mogère si le trafic TGV y était plus important que les 4 trains (2 A/R par jour) déjà annoncés, et les promesses seraient de 8 TGV (mais s'agit-il bien de 8 TGV, ou bien de 8 trains dont des Intercités Bordeaux-Nice?), et la Région pourrait «rediscuter de [sa] participation» si le trafic à la Mogère était «plus près de 15 que de 8» ou bien «à partir de 15 TGV par jour» (ce n'est pas la même chose, mais la Gazette publie les deux phrases, alors laquelle choisir?).

Si tout ceci était exact, il faudrait donc que Mme Delga, qui conteste le trop faible nombre de TER aux heures de pointe, accepte une formule dans laquelle des TGV seraient détournés vers la Mogère, où ils seraient boudés par les voyageurs et plomberaient les comptes de SNCF Mobilités, sans que cela ne permette d'augmenter le nombre de TER, et au prix d'une dégradation des conditions de transport pour des voyageurs (qui auraient des correspondances à prendre entre les deux gares, par tramway puis autobus). Tout ceci, pour la gloire d'une opération immobilière située entre deux autoroutes et dont rien ne dit qu'elle profitera réellement de la présence d'une gare TGV, et à cause d'élus qui refusent de reconnaître qu'ils ont fait une erreur en construisant cette gare. Comment réagiraient les électeurs?

Mise en service des LGV Le Mans-Bretagne et Tours-Bordeaux

L'actualité, c'est également la mise en service commercial, le 1er juillet 2017, de deux nouvelles LGV qui prolongent la ligne de TGV Atlantique (se terminant jusque là au Mans et à Tours).

Là aussi, ce sont des financements «innovants», c'est-à-dire hasardeux, qui ont été utilisés:

  • pour Tours-Bordeaux, c'est une concession confiée à Vinci (sous le nom Lisea) pour 50 ans. Chaque TGV va payer un péage à Vinci pendant 50 ans, et en cas de trafic insuffisant le concessionnaire en sera pour sa poche. Il a donc tout intérêt à ce que la ligne soit prolongée vers le Pays-Basque et vers Toulouse (plutôt qu'une amélioration de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse). Cette concession est très longue mais montre que le privé a cru aux perspectives de trafic. Mais le privé aussi peut se tromper: le tunnel Perpignan-Figueras était en concession sur 50 ans et cela n'a pas empêché le concessionnaire de faire faillite. De son côté, la SNCF aura intérêt à faire rouler des TGV contenant le nombre maximum de passagers par rame pour limiter le montant des péages.

  • pour Le Mans-Rennes, c'est un PPP signé avec Eiffage pour 19 ans. SNCF Réseau va donc payer un loyer chaque année, indépendamment du trafic. Le choix de cette formule, utilisée également pour le CNM et la gare de la Mogère, montre que le privé n'a pas été convaincu par les perspectives de trafic et a refusé de prendre le moindre risque.

Ces LGV ne comportent aucune nouvelle gare TGV: les rames desservant des villes intermédiaires quitteront la LGV par de multiples embranchements aménagés de part et d'autre de chaque ville.

Il n'y a donc aucune nouvelle gare excentrée, mais il en existe déjà une: la gare de Poitiers-Futuroscope, qui existe déjà (mise en service en 2000), à 10 km au nord de Poitiers, construite à Chasseneuil-du-Poitou, dont Jean-Pierre Raffarin était élu. Une gare fortement subventionnée par le Département de la Vienne mais peu utilisée, conçue pour favoriser le parc thématique du Futuroscope mais qui complique la vie de la majorité des voyageurs. La gare du Futuroscope est desservie par des TGV mais elle est située sur la voie classique: le parc du Futuroscope se situe exactement entre la LGV et la la voie classique, et il est relié à la gare du Futuroscope par une passerelle piétonne qui enjambe l'ancienne RN10 (une voie rapide).

Contrairement au Contournement de Nîmes et Montpellier qui est une ligne mixte limitée à 220 km/h, il s'agit bien ici de deux LGV à 320 km/h, mais avec deux particularités:

  1. Les 20 km du contournement du Mans pourront être emprunté par des trains de marchandises. Un cas qui sera unique en France jusqu'à la mise en service du CNM. Sur ce tronçon, la signalisation ERMTS 1 destinée aux trains de fret s'ajoute à la signalisation ERMTS 2 utilisée par les TGV, et à la signalisation TVM 300 utilisée par les anciennes rames «TGV Atlantique» (conçues avant le TGV Réseau, ces rames âgées de 25 à 30 ans ne circulent que sur la LGV Atlantique).

  2. L'embranchement d'accès à Sablé-sur-Sarthe depuis Paris a été équipé d'une autre bretelle depuis Rennes, nommée la «Virgule de Sablé» et conçue pour la vitesse de 160 km/h, ce qui permettra d'y faire circuler des TER, équipés rouler sur la LGV à 200 km/h. Ces TER circuleront sur la LGV entre Rennes-Laval-Sablé, puis continueront sur la voie classique vers Angers et Nantes. Ils permettront donc de gagner du temps sur des relations Rennes-Angers, Laval-Angers, ou Laval-Nantes (par sur Rennes-Nantes, où la vitesse ne compenserait pas l'important détour). Ce sera la première fois en France qu'une rame TER circulera sur une voie TGV: jusque là, il existait des TER à 200 km/h en Alsace mais sur voie normale (les «TER 200»), et des trajets TER sur LGV dans le Nord mais avec des rames TGV (les «TER-GV»). Sur la virgule elle-même, le trajet de Laval à Sablé, faisable aujourd'hui au mieux en 1h30 et pour 24€ en TER et TGV, passera à 24mn et à 10€ avec les TER sur LGV, soit un gain plus qu'appréciable. Cet aménagement a été proposé par la FNAUT dès 1999, il a convaincu les élus régionaux, et a peut-être aussi bénéficié d'un appui de François Fillon, alors Premier ministre et maire de Sablé-sur-Sarthe.


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