Inondations entre Nîmes et Lunel: nouvelle illustration de la nécessité de la mixité fret-TGV sur Montpellier-Perpignan
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17 septembre 2021 |
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Les fortes précipitations de septembre 2021 ont à nouveau coupé la voie ferrée. Le fret continue à passer, grâce au CNM. Il faut que la future ligne Montpellier-Perpignan offre la même flexibilité, et que la LGV soient bien connectée aux gares centrales, pour offrir aux voyageurs les alternatives les plus pratiques.
La météo du 14 septembre 2021
Ce jour-là, des précipitations exceptionnelles s'abattent dans le
Gard, entre Lunel et Nîmes, avec des cumuls dépassant localement
250 mm en 3 heures, notamment dans le secteur de Vergèze et de
Bernis. Un évènement exceptionnel comme il en arrive de temps en
temps entre Montpellier, Nîmes et Alès, et qui est voué à devenir
de plus en plus fréquent, et surtout de plus en plus puissant, à
cause du réchauffement climatique et de l'augmentation de la
température de la mer en fin d'été.
Pluviométrie calculée par Météo-France, le matin du 14
septembre 2021 (Source: Météo France)
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L'ouest de Nîmes sous l'eau
Les conséquences ont été impressionnantes: torrents d'eau dans le
centre de plusieurs villages (Vergèze, Codognan, Uchaud, Bernis),
ainsi que dans certains quartiers de Nîmes; routes totalement
bloquées, ainsi que l'autoroute A9, piégeant des centaines de
voitures et de camions; véhicules de toutes tailles dans les
fossés (jusqu'à des camions de pompiers et des camions-grues de
grande taille); des dégâts matériels considérables; des personnes
évacuées par hélitreuillage...
Route inondée à côté du ruisseau le Razil, près de l'usine de pesticides Syngenta à Aigues-Vives Source: France 3 Occitanie |
Autoroute A9 entre Nîmes et Lunel Source: Actu.fr Occitanie |
La voie ferrée inondée et abîmée
Sur le plan ferroviaire, la voie ferrée a été coupée par prudence entre Montpellier et Nîmes, et elle a subi de lourds dégâts entre Lunel et Nîmes. Des passagers ont été bloqués pendant 10 heures dans la gare de Vergèze, ne pouvant être évacués ni par le train, ni par les routes qui étaient également inondées. L'eau coulait à flot au rez-de-chaussée de la gare de Nîmes mais cela est assez habituel (la voie ferrée passe au-dessus du viaduc). La circulation des trains a repris dès le lendemain matin entre Montpellier et Lunel, mais pas entre Lunel et Nîmes, où le retour progressif à la normale n'est prévu que pour le 28 septembre 2021.
Par endroits, le ballast a été emporté par l'eau au point que
les traverses sont dans le vide, suspendues aux rails. Ailleurs,
les dégâts sont moins impressionnants, mais l'eau ayant inondé les
voies pendant des heures sur de grandes distances, on comprend que
la voie doit être très abîmée.
Ballast emporté par l'eau entre Nîmes et Lunel le 14/09/2021 Source: Vià Occitanie / Tweeter |
Voie ferrée inondée entre Nîmes et Lunel le 14/09/2021 Source: SNCF TER LiO Occitanie / Tweeter |
Débris sur la voie ferrée entre Nîmes et Lunel le 14/09/2021 Source: SNCF TER LiO Occitanie / Tweeter |
Voie ferrée inondée entre Nîmes et Lunel le 14/09/2021 Source: SNCF TER LiO Occitanie / Tweeter |
Le fret continue à passer dans le Gard – il faut qu'il en soit
de même entre Béziers et Perpignan
Grâce au Contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier (CNM),
dont il faut rappeler qu'il avait été conçu essentiellement pour
le fret et sans l'ajout de gares TGV, le fret ferroviaire n'a
jamais été interrompu, même au plus fort des inondations. En
effet, le CNM a été construit pour être hors d'eau, au prix
d'énormes travaux de terrassement. Voici donc l'itinéraire
emprunté par les trains de marchandises, conforme au but initial
du CNM et à la déclaration d'utilité publique de 2005:
Itinéraire du fret via le CNM et ses raccordements dédiés, même au plus fort des inondations
Rappelons que la présence des gares TGV sur le CNM n'a aucune
utilité pour les trains de marchandises, puisqu'elles n'ont pas de
service fret.
Les trains de fret passent sous la gare de Montpellier-la Mogère
(dite Sud-de-France), et à l'extérieur de la gare de Nîmes-Manduel
(dite Pont-du-Gard).
Ceci illustre une nouvelle fois l'absolue nécessité, également
sur la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP), que la ligne
soit entièrement utilisable par le fret ferroviaire, car le
tronçon entre Béziers et Perpignan est particulièrement exposé
aux inondations, comme cela s'est déjà produit récemment.
TGV et Intercités: ça passe, mais avec des changements de gare
Depuis le 15 septembre 2021, l'ensemble des TGV et des Intercités
sont également déviés par le CNM. Ils ne desservent donc pas les
gares centrales, mais uniquement les gares excentrées de
Montpellier-la Mogère et de Nîmes-Manduel.
Cette situation, qui est appréciable pour les voyageurs
traversant notre région, et plus pénalisante pour les voyageurs
locaux, surtout à Montpellier où des transferts sont nécessaires
entre les deux gares: si l'aiguillage de St-Brès était construit
(rappelons que c'est toujours possible), ces trains pourraient
parfaitement desservir Montpellier-centre.
Une situation compliquée pour les TER en l'absence d'aiguillage
à St-Brès
Les TER fonctionnent à l'ouest de Lunel et à l'est de Nîmes, mais
ils sont interrompus entre Lunel et Nîmes, ainsi que sur la petite
ligne Nîmes-Le Grau du Roi. Des bus de substitutions sont en
service entre Lunel et Nîmes, dont certains desservent également
Vergèze, mais leur temps de trajet est très long par rapport au
train (40 mn pour le bus direct, 50 mn pour celui desservant
Vergèze, contre 15 mn en train), et la synchronisation est loin
d'être parfaite.
LiO TER Occitanie a annoncé le 17 septembre que quelques TER (il
est question de 3 trains par jour) seraient mis en service via le
CNM, entre Sète, Montpellier, et Nîmes-centre, voici donc leur
itinéraire.
Itinéraire de TER spéciaux entre Sète et Nîmes-centre via la gare excentrée de Montpellier-la Mogère
Cette solution, qui peut dépanner une partie des usagers, n'est
évidemment pas parfaite, déjà parce que ces trains ne desservent
pas grand chose: ni Montpellier-centre (mais uniquement la gare
excentrée, bien moins pratique), ni Baillargues et Lunel, ni même
la gare excentrée de Nîmes-Manduel puisque l'embranchement, conçu
pour le fret, se situe à l'extérieur de la gare.
Là encore, une meilleure solution serait possible si
l'embranchement de St-Brès était là: ces TER spéciaux pourraient
desservir Montpellier-centre et Baillargues avant de s'engager sur
le CNM.
Cela illustre une nouvelle fois la nécessité que, si on
construit deux voies ferrées parallèles, elles soient
correctement interconnectées pour que chacune puisse être une
solution de secours pour l'autre. Un argument inaudible si on ne
regarde que la rentabilité en situation normale. On y comprend,
à nouveau, l'absurdité du projet actuel de la LNMP, qui ne
prévoit absolument aucune interconnexion entre la ligne actuelle
et la nouvelle ligne, depuis l'est de Béziers jusqu'à l'ouest de
Narbonne où les lignes divergent enfin.
Mise à jour du 21/09/2021: les TER Montpellier-Nîmes
Les TER entre Nîmes-centre et Sète via Montpellier-la Mogère ont
bien commencé à circuler le lundi 20 septembre 2021.
Train TER |
n° 22451 |
n° 22455 | n° 22459 |
Nîmes-centre |
6h03 |
8h42 |
16h37 |
Nîmes-Manduel |
| |
| |
| |
Montpellier-Mogère |
6h45 / 6h47 |
9h26 / 9h29 |
17h19 / 17h32 arrêt 13mn |
Sète |
7h07 |
9h47 / 10h22 arrêt 35mn |
18h00 / 18h19 arrêt 19mn |
Montpellier-centre | 10h47 |
18h36 |
Horaires de Montpellier à Nîmes-centre (arrivée / départ)
Train TER |
n° 22452
|
n° 22456 | n° 22460 |
Montpellier-centre |
12h48 |
18h46 |
|
Sète |
7h19 |
13h05 / 13h20 arrêt 15mn |
19h03 / 19h22 arrêt 19mn |
Montpellier-Mogère |
7h37 / 7h41 |
13h38 / 13h41 |
19h40 / 19h43 |
Nîmes-Manduel |
| |
| |
| |
Nîmes-centre |
8h25 |
14h25 |
20h27 |
Ce TER atypique fonctionne en mode diesel, ce qui peut surprendre
vu que tout le parcours est électrifié et que la rame 81821/81822
(car chaque extrémité porte un numéro) est bi-mode, c'est-à-dire
qu'elle peut fonctionner à la fois à l'électricité et au diesel,
par exemple quand elle va au Grau-du-Roi via la petite ligne qui
n'est pas électrifiée.
Cette particularité s'explique aisément: cette rame fait partie
de la série B 81500, qui sont des
rames Bombadier de type AGC («autorail à grande capacité»), certes
bi-mode (électricité et diesel), mais mono-courant: elle ne
fonctionne qu'en 1.5 kV CC, la tension utilisée sur les voies
électrifiées du sud de la France. Elle ne fonctionne donc pas en
25 kV 50 Hz, la tension utilisée dans le nord de la France mais
également sur les LGV, et sur le CNM. Cette rame ne peut donc
circuler sur le CNM qu'avec son moteur diesel, et dans ces
conditions il est probablement plus simple ou plus sûr (pour
éviter de connecter au 25 kV les circuits conçus pour le 1.5 kV)
de la laisser en permanence en mode diesel.
Au final, les temps de parcours sont fort longs: bien sûr en cas
d'aller-et-retour à Sète avec un arrêt prolongé sur place, mais
également entre Montpellier-la Mogère et Nîmes-centre: 44 mn pour
un trajet sans arrêt, le TER en mode diesel est probablement loin
de rouler à 220 km/h, la vitesse maximale sur le CNM.
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