L'inauguration fantomatique de la gare de la Mogère
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13 juillet 2018 |
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- Le jour de son ouverture au trafic, la gare fantôme de la Mogère a été inaugurée par une chorégraphie de Ghost Busters, animée par EELV Montpellier et d'autres mouvements.
- Les premiers voyageurs ont découvert la galère pour rejoindre la gare St-Roch.
- Le vice-président de la commission des Transports à la Région, Christian Dupraz, publie une lettre ouverte
Une gare fantôme inaugurée par une chorégraphie de Ghost
Busters
Comme on le sait, aucune des autorités responsables de la
construction de la gare de la Mogère n'a souhaité inaugurer cet
ouvrage:
- ni le président de la Métropole de Montpellier, Philippe Saurel,
qui n'assume pas d'être le principal responsable du fiasco,
- ni la ministre des Transports, Élisabeth Borne, qui met
ouvertement en doute la nécessité de certaines nouvelles
infrastructures et la réalité de la saturation des infrastructures
existantes,
- ni SNCF Réseau, le maître d'ouvrage et l'ensemble, qui a refusé
de prendre en compte l'expertise de leurs collègues de SNCF
Mobilités
- la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, était
d'accord pour inaugurer la gare, mais elle aurait rappelé que
jusqu'à présent cette gare est inutile, que la Région a été
trompée, et que dès lors elle refuse de participer au financement.
Mais peu importe car les militants opposés à la gare de la
Mogère, à commencer par ceux de EELV Montpellier, mais également
des élus des Insoumis dont la députée Muriel Ressiguier, et des
membres du Collectif contre la gare de la Mogère, ont organisé
leur propre contre-inauguration, à l'occasion de l'arrivée du
premier train de la journée, l'Intercités de 15h44. Des militants
déguisés en fantômes et dansant sur la musique de Ghost Busters
ont donc accueillis les premiers voyageurs.
Les médias présents sur place (en particulier le Midi-Libre et
France 3) ont montré la galère pour les usagers:
- pas toujours informés qu'ils n'arrivaient pas en ville
- devant souvent prendre une correspondance Intercités-TER, et
devant donc rejoindre la gare St-Roch (l'Intercités en question
s'arrête dans très peu de gares)
- alors que la TAM a fait circuler des navettes vides toute la
journée entre la gare de la Mogère et le cinéma d'Odysseum,
lorsque le train est arrivé la navette s'est révélée trop petite
et certains voyageurs ont dû attendre la suivante
- les voyageurs croyaient que la navette les amenait à la gare
St-Roch; que nenni, elle ne va que jusqu'à Odysseum
- les voyageurs en transit pensaient que la navette et le tram
étaient compris dans le prix de leur billet: pas du tout, les
fameux «cowboys» (les contrôleurs salariés d'une société privée et
aux méthodes expéditives) les ont verbalisés et les ont forcés à
descendre, quitte à leur faire rater leur correspondance
À lire:
- L'article du Midi-Libre du 7 juillet 2018 (sur internet)
- Le reportage de France 3 du 7 juillet 2018 (passé au JT 19-20 sur France 3 Languedoc-Roussillon)
- La page de EELV Montpellier consacré à cette contre-inauguration
La lettre ouverte de Christian Dupraz
Le vice-président de la commission des Transports à la Région Occitanie, Christian Dupraz (EELV), opposant notoire à la gare de la Mogère, a répliqué dans une lettre adressée à la Gazette de Montpellier aux fausses affirmations du président de la Métropole de Montpellier, Philippe Saurel.
Cette lettre ayant peu de chances d'être publiée, tant la Gazette de Montpellier est financièrement dépendante des publicités de la Métropole et donc toujours d'accord avec le président en place, nous publions ici son contenu:
La lettre adressée par Mr
Dupraz à la Gazette de Montpellier |
Gare fantôme de Montpellier : les vraies raisons de l'annulation de l'inauguration C'est une première en France : une nouvelle infrastructure très chère (140 millions d'euros) va ouvrir en catimini, sans avoir été inaugurée. Et la vraie raison est simple : la peur du ridicule, et de la colère des usagers qui vont se rendre compte très vite de l'absurdité de cette gare. Seule la présidente de la région avait eu le courage d'annoncer sa présence, pour mieux en dénoncer les incohérences.Le gaspillage de l'argent des contribuables par l'Etat et la Métropole de Montpellier dans ce dossier est effrayant. 140 millions d'euros investis en pure perte pour une gare inutile au milieu des champs, qui va faire perdre du temps à 95% des voyageurs, et qui éloigne les montpelliérains du reste de la France. Comment expliquer l'attitude de Philippe Saurel qui au lieu de conditionner le financement de cette gare à une vraie desserte, a préféré payer d'avance sans aucune garantie? La région est plus prudente. Comment expliquer que ce même Philippe Saurel, qui était ouvertement opposé à cette gare avant son élection, en est devenu soudain partisan après son élection? Par manque de courage politique. Comment expliquer que cette gare va avoir des
conséquences dramatiques sur la gare centrale Saint-Roch,
si, dans deux ans, une grande partie des TGV ne viennent
plus au centre-ville de Montpellier? Comment expliquer que
désormais, le centre-ville de Montpellier sera à 4 heures
de Paris, au lieu de 3h30? Les usagers ne sont pas des
idiots.
La ministre a choisit sagement d'annuler l'inauguration
car elle est consciente de la médiocrité de cette gare. Ce
ne sont pas les gesticulations des élus de Montpellier qui
l'effrayent.
Dommage, car, par contre, l'inauguration du Contournement ferroviaire Nîmes Montpellier était elle bienvenue : ce contournement est très utile en permettant dès aujourd'hui de faire circuler 80% des trains de fret. Mais pour cela, il n'y a pas besoin de gare voyageur, contrairement à ce qu'écrit la Gazette dans son édition du 28 juin. Alors que faire devant ce gâchis et cet entêtement? La gare est construite, il faut l'utiliser, disent en coeur ceux qui préfèrent regarder le bout de leurs chaussures. Là encore un raisonnement bien dangereux! Car il faut savoir que le point d'équilibre financier de cette gare est à plus de 40 trains par jours. Avec 4 trains puis peut-être 10 trains par jours (si la gare de Nîmes-Manduel ouvre), cette gare continuera d'être un gouffre financier, année après année, gouffre comblé... par nos impôts. La SNCF, qui ne voulait pas de cette gare, aurait bien raison de demander à la Métropole de combler ce gouffre financier. Alors, que faire? Peut-être y-a-t-il une autre solution pour éviter le pire : ne pas ouvrir cette gare, tant que la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan n'est pas construite. Oui ce serait une autre première. Mais auront-ils le courage de reconnaître leur erreur? En attendant, la galère pour les usagers commence. Christian Dupraz Conseiller régional Occitanie Vice Président de la commission transports |
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