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La réaction médiatique des pro-Mogère

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21 novembre 2016

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La campagne médiatique d'auto-satisfaction du camp des pro-Mogère peine à convaincre. À Manduel, les travaux illégaux continuent. À la Mogère, le toit commence à être posé sur le bâtiment.

La campagne médiatique des pro-Mogère

Après le coup de tonnerre de l'annonce de la Région, indiquant le 26 octobre 2016 qu'elle bloquait les financements à la gare de la Mogère, on attendait la réaction du camp des pro-Mogère, et en premier lieu de Philippe Saurel, le président de la Métropole de Montpellier. Celui-ci avait annoncé, dans une interview vidéo au Midi-Libre du 27 octobre, qu'il «fourbi[ssait] les armes», en refusant de dire quoi que ce soit sur le moment, à part dénoncer des «postures politiciennes» et annoncer la «présence de [s]es avocats».

EELV attaque. La réaction des pro-Mogère s'est faite attendre, et dans un premier temps ce sont les écologistes d'EELV qui ont dégainé une arme: dans un communiqué du 7 novembre 2016, ils dévoilaient une présentation de RFF (Réseau Ferré de France, aujourd'hui «SNCF Réseau») du 23 octobre 2012, citant un tableau de RFF de mai 2011, qui promettait pas moins de 11 allers-et-retours par jour à la gare de la Mogère, dans la période entre l'ouverture de la gare de la Mogère (alors prévue pour 2016) et celle de la gare de Manduel (2020). Or, de 11 A/R, on est passé à 2 A/R par jour, depuis qu'on ne pose plus la question à RFF, maître d'ouvrage de cette gare, mais à la SNCF (aujourd'hui «SNCF Mobilités»), qui fait rouler les trains et vend les billets aux voyageurs. Ce qui permet à EELV de dénoncer une «imposture» de la part de RFF, et d'inviter les collectivités locales (dont la Métropole de Montpellier), à s'associer à cette dénonciation, car c'est sur la base de ces promesses qu'ont été signées les conventions de financement de 2012.


Le tableau dénoncé par EELV, et la promesse de 11 A/R par jour à la Mogère
[NB: TAGV = trains aptes à la grande vitesse]

Philippe Saurel, dans une interview à l'AFP, et au journal de France 3 Languedoc-Roussillon du 9 novembre 2016, dénonce des «gesticulations politiques», et annonce qu'il a téléphoné et écrit au premier ministre Manuel Valls. Il revendique, pour la gare de la Mogère, l'utilité «à l'échelle (sic) de 2050». Alors, pourquoi construire cette gare dès 2017? Il pointe «les contrats selon lesquels rien n'oblige la SNCF et l'État à mettre des trains sur les voies», comme s'il était normal de construire des gares inutiles. Au cours du journal télévisé, il explique que s'il n'obtient pas satisfaction, il demandera «des dommages et intérêts à tous les acteurs, et à l'État et la SNCF et la Région, en premier lieu», au nom du «droit des Montpelliérains».

Didier Lauga, préfet du Gard, dans une interview du 10 novembre retranscrite dans le Midi-Libre du 11 novembre 2016, annonce continuer à croire à une mise en service de la gare de la Manduel (qui n'a toujours pas la moindre autorisation administrative) pour fin 2019 ou plutôt 2020. Il confirme qu'il ne peut pas y avoir de navette ferroviaire entre Nîmes et la gare de Manduel avant 2023. Mais il admet que ce planning est «optimiste», qu'il y aura des recours, et que ces recours risquent de bloquer le processus. Rappelons que, avant même que les décisions susceptibles de recours aient été prises, il y a déjà un avis assez embêtant de l'Autorité Environnementale du CGEDD (qui conteste le saucissonnage des projets), et une enquête en cours de la part de l'Union Européenne pour la même raison, qui pourrait bloquer le processus avant 2023.

Jean-Luc Gibelin, vice-président (PCF) de la Région chargé des transports, milite de son côté contre la gare TGV de Manduel et pour un embranchement (dit «Saint-Brès inversé») qui permettrait à des trains de desservir la gare de la Mogère, voir cet article du Midi-Libre du 13 novembre 2016. Sauf que l'unique intérêt d'un tel embranchement serait de permettre à la Mogère de recevoir des trains. Car par ailleurs, il ne ferait pas gagner la moindre minute aux voyageurs (sans même parler du temps d'accès à la gare excentrée et de la perte de correspondances), et il ne réduirait pas d'un iota la saturation de la voie classique Nîmes-Montpellier (au contraire, car cet embranchement implique un cisaillement des voies). Avec quels arguments pense-t-il donc pouvoir justifier le coût de cet ouvrage, et démontrer son utilité en vue d'obtenir un DUP (déclaration d'utilité publique)? Car seul l'embranchement «Saint-Brès normal» (qui raccorde la gare Montpellier Saint-Roch au CNM) bénéficie actuellement d'une DUP mais que ce n'est pas le cas du «Saint-Brès inversé».

Yvan Lachaud, président de l'Agglomération de Nîmes, et Franck Proust, maire par interim de Nîmes, ont expliqué lundi 14 novembre, comme l'indique Midi-Libre du 15 novembre 2016, que «La gare de Manduel se fera». Yvan Lachaud rejette l'hypothèse proposée par Jean-Luc Gibelin, et promet la «3e voie» de Manduel (pour la navette ferroviaire avec Nîmes) pour 2021 ou 2022. Mais l'ambiance ne semblait pas au beau fixe pendant cette conférence de presse:


Photo tirée du Midi-Libre du 15 novembre 2016

ICADE Promotion (filiale de la Caisse des Dépôts), le promoteur impliqué dans le projet, reprend le discours de Philippe Saurel en parlant de «batailles de postures politiques», et se présente comme un simple bâtisseur qui n'a rien à voir avec la dispute. C'est oublier un peu vite que le projet tout entier repose sur la vente d'immeubles autour de la gare (avec la ZAC Oz 1, rebaptisée dernièrement en ZAC «Quartier de la Mogère»), que ICADE est impliqué au premier plan dans ces décisions, et que ce promoteur n'a jamais expliqué pourquoi, alors que c'est lui qui est publiquement mis en avant dans ce projet, la société créée pour le réaliser (SAS Gare de la Mogère) a en réalité pour actionnaire principal une obscure société luxembourgeoise qui ressemble furieusement à une société-écran: la société «DIF Infra 3 PPP 2 Luxembourg S.a.r.l». En tout cas, tout cela n'a pas coupé l'appétit ni la soif d'ICADE, qui proposait de sympathiques petits fours le 17 novembre 2016 à Montpellier à l'occasion du Beaujolais nouveau (comme s'il n'y avait pas du bon vin dans la région...), mais il n'y a pas de mal à se faire du bien:


Emmanuel Aubertin, directeur régional de ICADE Promotion, au pot du Beaujolais nouveau le 17 novembre 2016

À Manduel, les travaux illégaux continuent

À Manduel, à côté du pont permettant au CNM de traverser la voie classique, pont déjà terminé depuis des mois, RFF fait construire par Oc'Via (Bouygues) deux ponts parallèles destinés à accueillir la gare TGV de Manduel. Ces travaux sont illégaux, puisqu'il n'y a ni permis de construire, ni DUP ou similaire, ni étude d'impact (ce qui est obligatoire pour la construction d'une gare). Des travaux avaient certes été prévus de longue date à titre conservatoire (sans d'ailleurs être spécifiquement autorisés), mais ils n'incluent pas la construction de ces deux nouveaux ponts.

Et donc, après la construction des piliers dénoncés en juillet 2016, ce sont désormais les tabliers qui vont prochainement commencer à être construits.

À la Mogère, la toiture commence à être posée sur le toit

Les éléments de toiture en béton fibre à ultra-hautes performances, dites «palmes» par les architectes de la gare, continuent à être moulées et à s'accumuler au pied de la gare. Voici un lot de 6 palmes, encore soutenues par des étais le temps que le béton durcisse:


6 éléments de toiture, ou «palmes» en béton, en train de durcir

Mais la nouveauté, c'est que l'unique élément déjà posé depuis des mois sur le toit (sans doute pour valider sa bonne adaptation sur la structure), et a été retiré, et que 5 nouveaux éléments ont été posés le toit de la gare, avant probablement l'installation des autres éléments préfabriqués:


Le toit avec 5 éléments préfabriqués posés dessus

Et voici une vue générale, prise depuis le nouveau pont de la route de Vauguières. On voit les 6 voies de la gare (assez longues pour stocker des trains de marchandises), avec les emplacements pour 2 voies supplémentaires de part et d'autre, et les 3 quais donnant accès à 4 voies (au centre de chacun des blocs de 3 voies, une voie «passante» est prévue pour les TGV sans arrêt à Montpellier). À l'arrière, le bâtiment de la gare, et les 3 rampes donnant accès aux quais (il y a également 3 escaliers).


Les voies et la gare, depuis le nouveau pont de la route de Vauguières


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