Actualités de: 4e trimestre 2016
En attendant les conclusions des États Généraux
du Rail et de l'Intermodalité (EGRI) organisés par la Région
Occitanie (c'est désormais officiel: le
décret
n° 2016-1264 du 28 septembre 2016 fixe le nom de la région,
«Occitanie», et sa capitale, Toulouse), et les décisions qui en
découleront de la part de la Région, voici quelques informations
concernant les lignes et les gares TGV.
À ce sujet, nous avons fini par obtenir la contribution du CESER
(conseil économique, social et environnemental régional) pour les
EGRI. C'est un bel exercice de langue de bois: ses membres n'ont
visiblement réussi à se mettre d'accord sur rien de précis, il
reste donc les généralités. Le CESER avait communiqué sur
l'adoption de cette contribution en juin, mais ne s'était pas
attardé sur son contenu. Cette contribution est en ligne sur ce
site avec les autres contributions aux
EGRI.
Le colloque « Rail 2020 » de la FNAUT
La FNAUT (fédération nationale des associations d'usagers des
transports) organisait le colloque « Rail 2020 », le 28 septembre
2016 à Paris.
Les actes du colloques sont progressivement mis
en ligne ici sur le site de la FNAUT. Ils sont très
intéressants, on y trouve par exemple:
- Le consensus, de la part de plusieurs personnes, sur la
priorité à donner à la rénovation du réseau classique, en
mauvais état
- Les constats de l'ancien président, Jean Sivardière,
sur la structuration du réseau, qui ne semble respecter aucune
logique pragmatique. Le FNAUT donne son point de vue sur les
axes à améliorer, et invite à supprimer les gares nouvelles
déconnectées du réseau classique (Montpellier, Nîmes).
- Les constats de Jean Lenoir sur les obstacles mis à
l'accès des voyageurs au train: la gare de la Mogère sans
correspondance TGV-TER (ou celle de Massy-Palaiseau, où la gare
TGV est au plus loin de la gare RER), les billets à réservation
obligatoire sans aucune flexibilité, les billets inaccessibles
aux voyageurs sans internet (NB: ou n'ayant ni smartphone ni
imprimante), l'absence de cadencement, les fréquences
insuffisantes, les arrêts supprimés dans les villes moyennes,
les correspondances inutilement longues (alors qu'on investit
des milliards pour gagner quelques minutes avec une nouvelle
LGV), l'absence de vente de billets à bord,... La charge est
sévère.
- La présentation sans concession et en toute transparence d'Yves
Crozet sur la dette du système ferroviaire français et sur
son financement
- Les graphiques de Pierre-Henri Émengard sur l'état du
trafic ferroviaire. Si le trafic voyageurs est élevé en France,
il n'augmente plus, l'effet TGV est terminé. Quant au fret
ferroviaire, il est en chute libre en France, un cas unique en
Europe à ce niveau. Le train a beaucoup d'avantages, que
plusieurs responsables, chacun à son niveau, se sont acharnés à
saboter:
- Des contresens stratégiques en interne?
- Obstinés et continus en matière marchandises :
massification rigide et irrégularité récurrente.
Une histoire à écrire, un cas d’école pour une étude «
d’économie légale ».
- L’erreur du tout TGV
et du « yield management » face à l’aviation modique,
Blablacar et aux cars « Macron ».
- Une conjonction objectivement défavorable d’acteurs
autonomes?
- L’État, acteur velléitaire et divisé: absence de stratégie
et approche étroitement comptable contre productive.
- Des dirigeants SNCF hauts fonctionnaires courtisans et non
patrons entreprenants.
- Des syndicats obnubilés par la défense des avantages
acquis du statut, préférant mourir dans les règles plutôt
qu’en réchapper contre les règles.
- Une conflictualité extraordinairement élevée.
- Des élus obsédés par le TGV et le
mythe du désenclavement.
- L’absence d’une politique ferroviaire et d’une politique
économique des transports?
- L’absence de choix stratégiques clairs tenus dans la
durée.
- Une politique de subventionnement généralisé tous modes,
internalisant les bénéfices et externalisant les pertes.
- Un symbole des blocages français?
- Une évolution prémonitoire de l’incapacité d’adapter le
modèle socio économique français au nouveau contexte
mondial.
À noter également, dans l'agenda, la conférence organisée à Nîmes
par l'association citoyenne ASPIC, avec un intervenant de la
FNAUT: Jean-François Troin:
« Les gares TGV hors des villes - Déconnexions et
désillusions »
Lundi 3 octobre 2016, 18h30, à Nîmes
Lieu: Maison
du Protestantisme, 3 rue Claude Brousson, Nîmes centre
À lire: page
de présentation et publications sur le sujet.
Gare TGV de Manduel: ça avance ou non?
Concernant Manduel, il faut d'abord consulter le site internet du
«Collectif citoyen Gare TGV au cœur de Nîmes»:
http://garetgvaucoeurdenimes.collectif-citoyen.fr
Les autorités administratives n'ont toujours pas répondu
clairement à la nature des travaux effectués sans autorisation à
Manduel au cours de cet été 2016 (deux ponts, qui constituent une
partie de la gare TGV de Manduel, effectués sans étude d'impact ni
enquête publique, alors que ces éléments sont obligatoires pour la
construction d'une gare ferroviaire). Certains ont menti
effrontément, par exemple Yvan Lachaud (président de
l'Agglomération de Nîmes), affirmant que ces ponts serviront au
fret, alors qu'il est évident qu'ils ne pourront jamais être
atteint par le moindre train de marchandises.
Yvan Lachaud, président de l'Agglomération de Nîmes, est toujours
aussi optimiste. Ainsi, dans Objectif
Gard du 19 septembre 2016, il vante les mérites de la gare
de Manduel, à savoir qu'elle est au milieu de nulle part: «une
disponibilité du foncier (100.000 hectares)». Au fait,
100.000 hectares, cela correspond à un carré de 31 km de côté...
Et il en profite pour se réjouir de l'arrivée de multiples
entreprises de haute technologie dans l'Agglomération de Nîmes,
feignant d'ignorer celles qui, en réalité, ont déjà annoncé leur
départ!
Le préfet du Gard, Didier Lauga, se dit lui aussi très optimiste
sur la construction rapide de la gare de Manduel, comme le
rapporte Objectif
Gard du 30 septembre 2016. Même si les raisons qui le
poussent à être aussi optimiste semblent assez légères: il dit y
consacrer ses journées, et il a reçu une lettre «du ministre
des transports, Alain Vidalies et du ministre de
l'environnement, Ségolène Royal. Tous les deux expriment
quelques éléments d'ouverture pour une participation de
l'Etat au financement de cette troisième voie, on avance
donc !». La « troisième voie» dont il parle est celle qui
est censée accueillir la navette ferroviaire Nîmes-Manduel,
permettant aux Nîmois d'accéder à la gare de Manduel sans y perdre
un temps trop exagéré.
Le président du conseil départemental du Gard, Denis Bouad,
annonce qu'il ne sera pas possible de financer toutes les voies
routières dont on parle, dont celles pour la gare de Manduel, et
il s'étonne sur cette 3e voie TER dont la nécessité apparaît
tardivement. C'était dans le Midi-Libre
du 26 septembre 2016 (article réservé aux abonnés):
« Il y a 30 ans que j’entends parler du contournement ouest,
ça coûte 170 M€, des années qu’on parle de la déviation nord,
c’est 80 M€. Pour Manduel, c’est 55 M€. On peut amuser la
galerie et dire : on va faire mais en fait, on ne sait pas
comment financer tout ça. J’appelle à un langage clair : je
veux qu’on se mette autour d’une table pour définir des
priorités et donner un calendrier pour les études et les
échéances. Est-ce normal qu’on s’aperçoive aujourd’hui
qu’il faut une 3e voie à cette nouvelle gare ?»
La navette Montpellier-Paris, en avion
Air France a annoncé la création d'une «navette» aérienne, entre
Montpellier et Paris-Orly, sous sa marque «Hop» (ex Air Inter).
Cette information faisait la une de la presse, par exemple sur
France 3 Languedoc-Roussillon le 23 septembre 2016.
Bien sûr, il faut relativiser la nouveauté: la «navette», c'est
10 vols par jour entre Montpellier et Orly, alors que jusque là il
y en avait 8. Et le prix de 49€ n'est qu'un prix minimum, sans
certains frais, et pour des billets non échangeables achetés
longtemps à l'avance.
Néanmoins, c'est l'occasion de s'interroger sur la politique
commerciale de la SNCF: à force de vendre des billets de trains de
la même façon que les billets d'avion, les voyageurs ne
finissent-ils pas par préférer l'original à la copie? Un billet de
TGV, c'est souvent un billet non échangeable, avec des tarifs qui
dépendent du prix d'achat (parlez de «yield management»: ça veut
dire «optimisation du profit»), avec des règles strictes sur les
bagages (le TGV OuiGo impose un unique bagage au format Ryanair).
Alors que la «navette» aérienne se veut la plus souple possible.
Souvent, le TGV ne dessert que la gare de départ et la gare
d'arrivée (comme un avion), et presque aucune gare intermédiaire.
Et parfois, la gare est loin du centre-ville, et n'offre pas de
correspondances...
Par ailleurs, ceux qui vantaient la proximité entre la gare de la
Mogère et l'aéroport de Mauguio-Fréjorgues (proximité relative: 3
km et une voie rapide à franchir), devraient se demander quels
voyageurs ont vraiment besoin d'une telle correspondance: quel
voyageur va arriver aller en TGV à l'aéroport de Montpellier, s'il
n'y trouve guère que des avions à destination de Paris? Et quand
bien même, que ferait-il au retour, lorsque son avion sera en
retard et que son billet de TGV non-échangeable aura perdu toute
valeur?
Des sénateurs veulent geler le développement des LGV pendant 15
ans...
Un groupe de travail de la commission des finances du Sénat,
constitué de 8 sénateurs (4 de gauche et 4 de droite), ont rendu
public le 29 septembre 2016 un rapport sur le financement des
infrastructures des transports. Voir
les explications sur le site du Moniteur, en attendant la
prochaine publication du rapport définitif sur
le site du Sénat.
Selon les sénateurs, plusieurs LGV en projet
(Montpellier-Perpignan, Bordeaux-Toulouse, Bordeaux-Dax,
Poitiers-Limoges) devraient être retardées d'au moins 15 ans.
L'économie devrait servir à financer la remise en état du réseau
existant. Ils demandent des «contre-expertises» sur les grands
projets déjà décidés (on sait à quel point il est difficile de
remettre en question un projet même lorsque son échec est
certain), notamment sur la ligne Lyon-Turin.
Concernant les sources de financement, ils estiment que l'AFITF
(agence de financement des infrastructures des transports de
France) manque de moyens, et qu'elle devrait bénéficier d'une
écotaxe (vignette ou redevance kilométrique) sur les poids lourds.
Enfin, ils demandent que l'État reprenne à sa charge une partie
de la dette de la SNCF, ce que l'État refuse.
...et des associations veulent sauver les trains de nuit
Alors que la SNCF et l'État ont décidé la mort des trains de
nuit, après des années de sabotage minutieux (fermeture des gares
pendant la nuit, automates qui ne proposent pas les trains de nuit
comme alternative au TGV...), de nombreuses associations se
mobilisent pour maintenir les trains de nuit en activité.
Voir le site internet «Oui
au train de nuit», et la pétition par
internet.
L'action est soutenue par:
-
Organisations nationales: France Nature Environnement
(FNE), Confédération Paysanne, Fédération des Usagers de la
Bicyclette (FUB).
-
Organisations locales: Nature&Progrès-11,
ATTAC%-11, 65 et 66, Amis de la Terre-Limousin,
Alternatiba-66, Asso. Usagers Train Perpignan-PortBou,
Collectif Roosevelt-11, Objecteurs de Croissance LR, Les
Biocoop Floréal, Tourne-sol, Pays'en Bio (11), Confédération
Paysanne-11, SEPANSO-24,33,40,64, FNE-65, Recyclo-Loco-65,
Terra-Ma-Terre-65, Can Decreix-66, Vélo-en-Têt-66, «
Coordination Barousse / Comminges, le train Luchon-Montréjeau
: des travaux et vite ! » (31), Sud-Rail Midi-Pyrénées,
EELV-Languedoc Roussillon, PCF-11, Parti de Gauche-11 et
Ensemble-11.
Comme l'annonce un
communiqué
de France Nature Environnement (FNE) Languedoc-Roussillon (ou
ici en version PDF),
la Commission Européenne a entamé une procédure pour interroger la
France sur la manière dont elle a autorisé l'ajout de la gare de la
Mogère sur le contournement de Nîmes et Montpellier, suite à une
plainte de FNE.
Il s'agit de vérifier si la législation européenne en matière
d'évaluation environnementale a été respectée. Dans le droit
français, il s'agit du code de l'environnement, notamment via les
procédures d'étude d'impact et d'enquête publique.
Les textes européens (et français), qui disent notamment qu'un
projet doit être évalué dans son ensemble, ne sont pas toujours
respectés. Dans le cas présent, nous estimons, comme France Nature
Environnement, que l'administration française a utilisé
l'autorisation accordée au CNM (contournement ferroviaire de Nîmes
et Montpellier), projet conçu comme une ligne essentiellement
dédiée au fret et ne comportant aucune gare TGV, pour construire
en réalité un ouvrage bien différent, comportant 2 projets de
gares TGV, ne comportant plus l'aiguillage de St-Brès qui doit
raccorder la gare de Montpellier St-Roch, et accompagné de façon
indissociable de divers aménagements urbains (ZAC Oz 1, création
de routes et d'un nouvel échangeur autoroutier, extension du
tramway L1). C'est ce qu'on appelle populairement le
«saucissonnage».
Ci-dessous le communiqué publié par FNE Languedoc-Roussillon le 3
octobre 2016:
La gare de Montpellier – La Mogère,
conçue sans correspondances ferroviaires, s’annonce
comme la prochaine gare TGV fantôme. Plusieurs élus,
dont le président de la Métropole de Montpellier, s’en
sont publiquement inquiétés. Le projet de gare de
Manduel, moins avancé, apparaît aujourd’hui tout aussi
incertain.
Rien d’étonnant pour FNE LR, qui
constate que l’ajout de ces gares TGV, ainsi que la
suppression du raccordement du CNM à la gare de
Montpellier-centre, ont été actés sans réévaluation du
projet ferroviaire dans sa globalité. Au contraire,
l’absence d’évaluation globale a été systématique,
comme au sud de Montpellier où les projets
indissociables de la gare de la Mogère
(« ZAC OZ», accès routiers et prolongement
du tramway) ont été évalués et soumis à enquête
publique séparément, comme l’ont souligné l’Autorité
Environnementale et de nombreuses associations.
FNE LR a transmis une plainte à la
Commission Européenne, car elle estime que ce
découpage des études méconnaît les obligations
d’évaluation globale, de transparence et de
participation du public imposées par le droit
européen.
Suite à cette plainte, la Commission
Européenne a engagé une procédure « EU Pilot »
pour demander aux autorités Françaises « des
éclaircissements sur les conditions dans lesquelles
les impacts environnementaux des différents projets
associés au CNM au sud de Montpellier ont été pris
en compte préalablement à l’autorisation de ces
projets ». La procédure « EU
Pilot » permet à la Commission d’interroger
un État membre sur une question relative à
l’application du droit européen, avant une éventuelle
procédure d’infraction.
Dans ces conditions nous réaffirmons
notre opposition aux projet de gares nouvelles
excentrées de Montpellier et de Nîmes, qui
apparaissent être des projets inutiles et imposés, et
qui n’ont pas respecté les procédures d’évaluation
environnementale et de participation du public
imposées par le droit européen.
|
Le «ticket rouge» de la FNAUT à Philippe Saurel
La Fédération nationale des associations d'usagers des transports
(FNAUT), qui milite pour des transports publics efficaces, y
compris via des lignes TGV et des très grands investissements,
tenait son 20e congrès le 22 octobre 2016, lors duquel elle a
délivré ses bons points et mauvais points, nommés «tickets verts»
et «tickets rouges». Et c'est un «ticket rouge» qui a été délivré
à l'encontre de Philippe Saurel, président de la métropole de
Montpellier. Lire
ici le communiqué suite au 20e congrès de la FNAUT. La FNAUT
lui reproche à la fois un choix «tout-routier», la gare de la
Mogère, et l'abandon de la ligne 5 du tramway:
Philippe Saurel, maire
Divers Gauche de Montpellier et président de
Montpellier-Méditerranée-Métropole.
Il a soutenu le doublement de l'A9 au
droit de Montpellier, en cours d’achèvement, et exige encore
de nombreux investissements routiers surdimensionnés : le
contournement ouest de Montpellier (A750 Juvignac –
Saint-Jean-de-Védas), le contournement est (Castelnau-A9), la
déviation de l’ex-RN 113 à Baillargues, la LICOM (liaison
intercommunale de l’ouest de Montpellier), le LIEN (liaison
intercantonale d’évitement nord).
Il soutient activement le projet de gare
TGV excentrée de La Mogère, positionnée stupidement très loin
de la gare centrale de Montpellier - Saint-Roch desservie par
les TER et les transports de proximité, ce qui allongera
considérablement la durée des trajets des voyageurs quand
elle sera desservie par la SNCF.
Il a reporté la réalisation de la ligne 5
de tramway de Montpellier malgré sa fréquentation prévue de
près de 60 000 voyageurs/jour et son rôle potentiellement
important dans la structuration de l’urbanisation en cours.
M. Saurel n'est pas le seul à être ainsi sanctionné, puisqu'on
trouve également:
- Jean-Pierre Masseret, ancien président PS du Conseil
régional de Lorraine, pour avoir empêché le remplacement de la
gare TGV absurde de Louvigny (dite «Lorraine-TGV») par une gare
TER-TGV située à Vandières, sur un site isolé mais stratégique
pour le réseau ferroviaire. Louvigny est encore une gare TGV
absurde construite à cause des caprices des élus locaux, la Cour des Comptes lui avait consacré
un chapitre dans son rapport 2013.
- Hubert Falco, maire LR de Toulon, pour s'opposer à un
projet de tramway et pour proposer un autobus de trop faible
capacité.
- Les intercommunalités de Chambéry et du Lac du Bourget,
qui sont voisines, et qui ont supprimé l'exploitation en commun
du réseau de bus urbains.
Alerte rouge inondations: la mairie vous demande de fuir le
parking de la gare de la Mogère
Le 12 octobre 2016, Météo France annonçait une «alerte rouge
inondations» sur l'Hérault, en raison de très fortes pluies
prévues pour les 13 et 14 octobre 2016. De fait, certaines parties
de la ville de Mèze ont été gravement inondées (voir le
reportage photo de France Bleu Hérault), heureusement sans
faire de victimes. À Montpellier, les pluies ont été fortes mais
pas extrêmes, il n'y a donc pas eu d'inondations, mais on ne
pouvait pas le savoir. C'est donc très logiquement que la mairie
de Montpellier a invité les Montpeliérains à prendre des
précautions.
Or le tweet du 12 octobre 2016 (voir le lien
Twitter, ou sa sauvegarde
en PDF) est remarquable: si on complète la carte qui
l'accompagne, on s'aperçoit que la mairie demande à ne pas se
garer à l'endroit où se construit la gare de la Mogère, et où est
prévu le parking de la gare de la Mogère (en pleine zone
inondable).
Voici la carte jointe au tweet, complétée en rouge (cliquez
dessus pour l'agrandir):
Panorama des bassins de rétention de la Mogère
Comment construire une gare TGV à 8 voies (6 dans un premier
temps), l'énorme parking qui accompagne toute gare TGV sans
correspondances, et le quartier ZAC Oz 1 (dont Saurel promettait
l'abandon, mais qu'il a juste rebaptisé en «quartier de la
Mogère»), alors que tout le secteur est inondable?
Outre le fait que c'est imprudent et absurde, une telle décision
impose la création de nombreux bassins de rétention, servant à
limiter les risques d'inondation.
Le chantier de ces bassins de rétention a démarré, suite au feu
vert du préfet de l'Hérault, Pierre Pouëssel, faisant lui-même
suite à l'avis favorable du commissaire enquêteur, Jean
Bernard-Chatelot. Ce commissaire enquêteur, confronté à une
illégalité de forme flagrante (la métropole a refusé de
communiquer le projet sous forme électronique, alors qu'une loi
l'impose à titre expérimental pour les schémas d'aménagement
hydraulique), a soigneusement ignoré la question et a supprimé
toute mention à la loi qui instaure cette obligation. Rappelons
qu'en théorie, un commissaire enquêteur est censé être
indépendant.
Plus le chantier avance, et plus la réalité devient choquante:
cette gare sera littéralement au milieu des eaux, ou du moins au
milieu de bassins destinés à se remplir en cas de fortes pluies.
Voici donc un panorama, depuis le nord de la gare de la Mogère:
- au fond, la gare de la Mogère, qui n'a toujours pas de toiture
(les éléments de toitures sont étrangement posés par terre
plutôt que sur la gare).
- au premier plan dedant la gare, le ruisseau du Nègue-Cats,
totalement canalisé, et le pont qui le fait passer sous l'A9bis
et sous le CNM et la gare
- sur la gauche, le pont de la nouvelle route de Vauquières, qui
Mauguio Fréjorgues Ouest, en enjambant l'A9bis et le CNM.
- d'autres ponts sont prévus pour raccorder la gare de la Mogère
à l'autoroute et au tramway, à l'endroit, sur la droite, où se
trouvent la grue et la foreuse
- au premier plan devant le pont, un peu d'eau dans le nouveau
bassin de rétention
- tout à gauche, un piéton courageux passe par la nouvelle route
de Vauquières, en provenance d'Odysseum, pour prendre son avion
à l'aéroport (environ 4 km, aucune indication, et un aménagement
hostile qui empêche quasiment l'accès des piétons à
l'aéroport... alors que la métropole prétend que c'est le futur
centre-ville!)
Faites défiler le panorama latéralement pour le voir entièrement;
cliquez dessus pour l'avoir en meilleure résolution
Et voici un autre panorama, depuis le pont de la nouvelle route
de Vauquières, sur le CNM à l'Est de la gare de la Mogère:
- à droite, la gare de la Mogère, avec les 3 quais, les 6 voies
(et l'espace pour 2 voies de plus), et les rampes d'accès aux
quais.
- en haut à gauche de la gare, un élément de toiture est posé
sur la gare depuis 3 mois. Les autres éléments sont posés par
terre, à gauche de la gare.
- le Nègue-Cats n'est pas visible car il passe dans un profond
fossé; on distingue une légère marque verdoyante, à droite
devant les éléments de toiture, en passant par un arbre au
milieu de la photo
- au premier plan, on voit un canal de drainage qui vient d'être
créé. dedant la gare, le ruisseau du Nègue-Cats, totalement
canalisé, et le pont qui le fait passer sous l'A9bis et sous le
CNM et la gare. Il rejoint un bassin de rétention qui est tout à
gauche de la photo, au second plan
- tout au fond, à gauche de la gare, tous ces immeubles blancs
sont le quartier «Urban Park», sur la commune de Lattes. Il
n'est pas inondable, mais augmente évidemment le risque de
ruissellement. La commune de Lattes est actuellement prise d'un
folie bétonneuse assez incroyable.
Faites défiler le panorama latéralement pour le voir entièrement;
cliquez dessus pour l'avoir en meilleure résolution
Le comité de pilotage du CNM (Contournement
ferroviaire de Nîmes et Montpellier) du 26 octobre 2016 a révélé
qu'il n'y aurait pas plus de 2 TGV par jour et par sens à la gare
TGV de Montpellier - La Mogère.
La Région en tire les conclusions et annonce son retrait du
financement.
=> Lire notre
communiqué de presse du 29 octobre 2016.
Pour autant, ceci ne va pas automatiquement arrêter les chantiers en
cours. Mais c'est déjà une excellente nouvelle, car on sait ainsi
que:
- Pendant au moins un certain nombre d'années, les TGV vont
continuer à desservir le centre-ville de Montpellier, ainsi que
le centre-ville de Nîmes.
- Il a été décide que les trains de marchandises paieront le
même péage sur le CNM que sur la voie classique, alors qu'on
craignait qu'ils payent un péage plus élevé afin de financer le
PPP signé avec Oc'Via/Bouygues pour construire le CNM, ce qui
aurait conduit les transporteurs à maintenir les trains de
marchandises sur la voie classique et dans les centre-villes. La
plupart des trains de marchandises devraient donc être
transférés sur le CNM, ce qui améliorera l'efficacité du fret
ferroviaire et réduira l'encombrement de la voie classique.
- Sur la LNMP, on évoque une construction uniquement du segment
Montpellier-Béziers dans un premier temps (ce tronçon est prévu
en ligne mixte TGV-fret, comme le CNM et comme la ligne
Perpignan-Figueras-Barcelone), et sans nouvelle gare TGV à
Béziers, d'après des propos de Christian Dupraz (élu EELV à la
Région) rapportés par la presse.
La Région Occitanie a publié un communiqué de presse le jour
même:
Le communiqué
de presse de Carole Delga du 26 octobre 2016, à l'issue du
comité de pilotage: «Le compte y est pour le fret, pas pour
les voyageurs»
L'information a fait l'effet d'une bombe, dont la presse s'est
faite l'écho, par exemple:
- Journal
« 20 Minutes » du 28/10/2016: «La future gare TGV de la
Mogère sera-t-elle “la risée de l'Europe entière”?»
(avec la une, et une page entière, dans les éditions de toute la
France)
- Midi-Libre
du 27/10/2016: «Gare de La Mogère à Montpellier : la
Région dit stop» (avec, là aussi, une pleine page dans la
version papier). En version web, cet article inclut une vidéo de
la conférence de presse des «Nouveau monde en commun» avec des
déclarations fracassantes du conseiller régional Christian
Dupraz, et une vidéo de Philippe Saurel (maire et président de
la métropole de Montpellier) qui dit juste qu'il parlera plus
tard.
- La
Marseillaise du 27/10/2016: «L'hypothèse d'une gare
TGV fantôme se précise à Montpellier»
- Objectif-Gard
du 27/10/2016: «Manduel:
Le dossier de la gare va-t-il rester à quai ?»
- La
Lettre M (groupe Gazette de Montpellier) du 27/10/2016: «Contournement
Nîmes-Montpellier : la Région ne veut pas payer une gare
fantôme» (article payant)
- Europe
1, le 28/10/2016: dans
«Le journal de 12h30» (info dans les titres à
0:30, puis le sujet lui-même est traité à partir de 7:10)
- France
3 Languedoc-Roussillon, le 28/10/2016: «Gare TGV de
Montpellier : Carole Delga accuse la SNCF “le compte n'y est
pas pour les voyageurs”»
- Franceinfo
TV, le 28/10/2016: «A Montpellier, la nouvelle gare
TGV ne devrait accueillir que quatre trains par jour»
- [ajout 30/10] Le
Parisien / Aujourd'hui en France du 30/10/2016: «Montpellier:
pas encore construite et déjà gare fantôme
»
- [ajout 31/10] Midi-Libre
du 31/10/2016: «Gare TGV dans le Gard : séisme à
Manduel; La faute à qui?»
Notre communiqué du 29/10/2016:
Le comité de pilotage du CNM
(Contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier) a
permis à SNCF Mobilités de donner ses prévisions de
trafic : 2 TGV par jour et par sens à la gare de
la Mogère. Nous le dénoncions depuis des années, comme les
centaines de citoyens qui ont dit non à ce projet de gare
lors de l’enquête publique de septembre 2014 : cette
gare est absurde.
La Région Occitanie en tire la
conclusion : il faut arrêter les frais. Nous nous en
réjouissons. L’annonce que le fret ferroviaire sera incité
à utiliser le CNM par un péage non majoré est également
une excellente nouvelle, conforme à la finalité première
de cette ligne nouvelle.
Désormais, les autres partenaires doivent
suivre l’exemple. SNCF Réseau doit renoncer au
parking géant prévu sur la zone inondable, et la Métropole
de Montpellier doit annuler ses coûteux projets de
raccordement : le nouveau pont au-dessus des voies et
de l’A9bis (alors qu’il y a déjà un pont tout neuf à
300 m de là), et bien sûr l’extension du tramway L1
jusqu’à cette gare fantôme. Les montants économisés
doivent servir à des projets ferroviaires beaucoup plus
utiles, dont les besoins devraient ressortir des
conclusions des États Généraux du Rail et de
l'Intermodalité, ainsi que des projets de tramway ou de
tram-train utiles à la population.
Pour finaliser le CNM, il ne reste plus
qu’à construire l’aiguillage de St-Brès (Hérault), qui
dispose déjà d’une DUP, pour raccorder le CNM au cœur de
Montpellier. Ainsi aurait-on une connexion de secours pour
éviter la paralysie de tout le trafic en cas de grave
incident sur la voie classique Lunel-Nîmes, et la SNCF
pourrait proposer quelques TGV ultra-directs entre le
centre de Paris et le centre Montpellier, « en moins
de 3 heures ».
Pendant ce temps, les recours
contentieux, dont notre collectif a ouvert la voie,
suivent leur cours : contre la déclaration de projet
de la gare par SNCF Réseau, et contre le partenariat
public-privé (PPP) avec la SAS Gare de la Mogère. Des
questions ont également été posées par la Commission
Européenne aux autorités françaises, sur la manière dont
elles ont autorisé la modification du projet de CNM, avec
l’ajout de deux gares TGV initialement non prévues et du
quartier ZAC Oz 1.
Il faut maintenant réfléchir à la
nouvelle destination de ce bâtiment désormais inutile. Un
appel à projets pourrait être lancé. Nous suggérons son
utilisation comme salle de sport, afin de tirer profit des
dimensions intérieures, de la hauteur sous plafond, et
l’absence de pilier intérieur pour supporter la toiture.
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Les photos du jour (cliquer dessus pour les agrandir)
Les éléments de la toiture de la gare, préfabriqués en
béton fibré à ultra-hautes performances (BFUP). Ils comportent des
ouvertures qui seront majoritairement remplies par des carreaux de
verre, permettant l'entrée de la lumière du soleil, ou par des
absorbants acoustiques pour rendre le lieu moins bruyant. Ils sont
fabriqués l'un après l'autre, probablement sur place, et
soigneusement posés par terre sur des supports en béton
spécialement prévus à cet effet, parfois sur deux niveaux. Le
premier élément a été posé sur la toiture, sans doute pour
vérifier la bonne adaptation du prototype avant de fabriquer les
éléments suivants. C'est probablement lorsque tous les éléments
seront fabriqués que l'entreprise fera venir la grue qui les
installera sur le toit:
Un petit bassin de rétention situé au sud du CNM, à l'est
de l'avenue de la Mer et de l'avenue des Platanes, et à l'ouest du
Mas Rouge. Au fond, on voit passer le train de test de Colas Rail
(Bouygues, Oc'Via), un lourd train de ballast qui fait des allers
et retours sur les voies de la gare:
À titre de comparaison, les promesses contenues dans le
dossier
de présentation de la ZAC Oz 1 en 2013 (zone rebaptisée
«Quartier de la Mogère» par la métropole), et cherchez la
ressemblance avec le «paysage lagunaire» promis pour l'ouest de la
ZAC Oz 1:
La campagne médiatique d'auto-satisfaction du
camp des pro-Mogère peine à convaincre. À Manduel, les travaux
illégaux continuent. À la Mogère, le toit commence à être posé sur
le bâtiment.
La campagne médiatique des pro-Mogère
Après le coup de tonnerre de l'annonce de la Région, indiquant le
26 octobre 2016 qu'elle bloquait les financements à la gare de la
Mogère, on attendait la réaction du camp des pro-Mogère, et en
premier lieu de Philippe Saurel, le président de la Métropole de
Montpellier. Celui-ci avait annoncé, dans une interview
vidéo au Midi-Libre du 27 octobre, qu'il «fourbi[ssait]
les armes», en refusant de dire quoi que ce soit sur
le moment, à part dénoncer des «postures politiciennes» et
annoncer la «présence de [s]es avocats».
EELV attaque. La réaction des pro-Mogère s'est faite
attendre, et dans un premier temps ce sont les écologistes
d'EELV qui ont dégainé une arme: dans un communiqué
du 7 novembre 2016, ils dévoilaient une présentation de
RFF (Réseau Ferré de France, aujourd'hui «SNCF Réseau») du 23
octobre 2012, citant un tableau de RFF de mai 2011, qui
promettait pas moins de 11 allers-et-retours par jour à la gare
de la Mogère, dans la période entre l'ouverture de la gare de la
Mogère (alors prévue pour 2016) et celle de la gare de Manduel
(2020). Or, de 11 A/R, on est passé à 2 A/R par jour, depuis
qu'on ne pose plus la question à RFF, maître d'ouvrage de cette
gare, mais à la SNCF (aujourd'hui «SNCF Mobilités»), qui fait
rouler les trains et vend les billets aux voyageurs. Ce qui
permet à EELV de dénoncer une «imposture» de la part de
RFF, et d'inviter les collectivités locales (dont la Métropole
de Montpellier), à s'associer à cette dénonciation, car c'est
sur la base de ces promesses qu'ont été signées les conventions
de financement de 2012.
Le tableau dénoncé par EELV, et la promesse de 11 A/R par
jour à la Mogère
[NB: TAGV = trains aptes à la grande vitesse]
Philippe Saurel, dans une interview à l'AFP, et au journal
de France 3 Languedoc-Roussillon du 9 novembre 2016, dénonce
des «gesticulations politiques», et annonce qu'il a
téléphoné et écrit au premier ministre Manuel Valls. Il
revendique, pour la gare de la Mogère, l'utilité «à l'échelle
(sic) de 2050». Alors, pourquoi construire cette gare
dès 2017? Il pointe «les contrats selon lesquels rien n'oblige
la SNCF et l'État à mettre des trains sur les voies», comme
s'il était normal de construire des gares inutiles. Au cours du
journal télévisé, il explique que s'il n'obtient pas satisfaction,
il demandera «des dommages et intérêts à tous les acteurs, et
à l'État et la SNCF et la Région, en premier lieu», au nom
du «droit des Montpelliérains».
Didier Lauga, préfet du Gard, dans une interview
du 10 novembre retranscrite dans le Midi-Libre du 11 novembre
2016, annonce continuer à croire à une mise en service de la
gare de la Manduel (qui n'a toujours pas la moindre autorisation
administrative) pour fin 2019 ou plutôt 2020. Il confirme qu'il ne
peut pas y avoir de navette ferroviaire entre Nîmes et la gare de
Manduel avant 2023. Mais il admet que ce planning est «optimiste»,
qu'il y aura des recours, et que ces recours risquent de bloquer
le processus. Rappelons que, avant même que les décisions
susceptibles de recours aient été prises, il y a déjà un avis
assez embêtant de l'Autorité Environnementale du CGEDD (qui
conteste le saucissonnage des projets), et une enquête en cours de
la part de l'Union Européenne pour la même raison, qui pourrait
bloquer le processus avant 2023.
Jean-Luc Gibelin, vice-président (PCF) de la Région chargé des
transports, milite de son côté contre la gare TGV de Manduel
et pour un embranchement (dit «Saint-Brès inversé») qui
permettrait à des trains de desservir la gare de la Mogère, voir cet
article du Midi-Libre du 13 novembre 2016. Sauf que l'unique
intérêt d'un tel embranchement serait de permettre à la Mogère de
recevoir des trains. Car par ailleurs, il ne ferait pas gagner la
moindre minute aux voyageurs (sans même parler du temps d'accès à
la gare excentrée et de la perte de correspondances), et il ne
réduirait pas d'un iota la saturation de la voie classique
Nîmes-Montpellier (au contraire, car cet embranchement implique un
cisaillement des voies). Avec quels arguments pense-t-il donc
pouvoir justifier le coût de cet ouvrage, et démontrer son utilité
en vue d'obtenir un DUP (déclaration d'utilité publique)? Car seul
l'embranchement «Saint-Brès normal» (qui raccorde la gare
Montpellier Saint-Roch au CNM) bénéficie actuellement d'une DUP
mais que ce n'est pas le cas du «Saint-Brès inversé».
Yvan Lachaud, président de l'Agglomération de Nîmes, et Franck
Proust, maire par interim de Nîmes, ont expliqué lundi 14
novembre, comme l'indique Midi-Libre
du 15 novembre 2016, que «La gare de Manduel se fera».
Yvan Lachaud rejette l'hypothèse proposée par Jean-Luc Gibelin, et
promet la «3e voie» de Manduel (pour la navette ferroviaire avec
Nîmes) pour 2021 ou 2022. Mais l'ambiance ne semblait pas au beau
fixe pendant cette conférence de presse:
ICADE Promotion (filiale de la Caisse des Dépôts), le
promoteur impliqué dans le projet, reprend le discours de Philippe
Saurel en parlant de «batailles de postures politiques»,
et se présente comme un simple bâtisseur qui n'a rien à voir avec
la dispute. C'est oublier un peu vite que le projet tout entier
repose sur la vente d'immeubles autour de la gare (avec la ZAC Oz
1, rebaptisée dernièrement en ZAC «Quartier de la Mogère»), que
ICADE est impliqué au premier plan dans ces décisions, et que ce
promoteur n'a jamais expliqué pourquoi, alors que c'est lui qui
est publiquement mis en avant dans ce projet, la société créée
pour le réaliser (SAS Gare de la Mogère) a en réalité pour
actionnaire principal une obscure société luxembourgeoise qui
ressemble furieusement à une société-écran: la société «DIF
Infra 3 PPP 2 Luxembourg S.a.r.l». En tout cas, tout cela
n'a pas coupé l'appétit ni la soif d'ICADE, qui proposait de
sympathiques petits fours le 17 novembre 2016 à Montpellier à
l'occasion du Beaujolais nouveau (comme s'il n'y avait pas du bon
vin dans la région...), mais il n'y a pas de mal à se faire du
bien:
Emmanuel Aubertin, directeur régional de ICADE Promotion, au
pot du Beaujolais nouveau le 17 novembre 2016
À Manduel, les travaux illégaux continuent
À Manduel, à côté du pont permettant au CNM de traverser la voie
classique, pont déjà terminé depuis des mois, RFF fait construire
par Oc'Via (Bouygues) deux ponts parallèles destinés à accueillir
la gare TGV de Manduel. Ces travaux sont illégaux, puisqu'il n'y a
ni permis de construire, ni DUP ou similaire, ni étude d'impact
(ce qui est obligatoire pour la construction d'une gare). Des
travaux avaient certes été prévus de longue date à titre
conservatoire (sans d'ailleurs être spécifiquement autorisés),
mais ils n'incluent pas la construction de ces deux nouveaux
ponts.
Et donc, après la construction des piliers dénoncés en juillet
2016, ce sont désormais les tabliers qui vont prochainement
commencer à être construits.
À la Mogère, la toiture commence à être posée sur le toit
Les éléments de toiture en béton fibre à ultra-hautes
performances, dites «palmes» par les architectes de la gare,
continuent à être moulées et à s'accumuler au pied de la gare.
Voici un lot de 6 palmes, encore soutenues par des étais le temps
que le béton durcisse:
6 éléments de toiture, ou «palmes» en béton, en train de durcir
Mais la nouveauté, c'est que l'unique élément déjà posé depuis
des mois sur le toit (sans doute pour valider sa bonne adaptation
sur la structure), et a été retiré, et que 5 nouveaux éléments ont
été posés le toit de la gare, avant probablement l'installation
des autres éléments préfabriqués:
Le toit avec 5 éléments préfabriqués posés dessus
Et voici une vue générale, prise depuis le nouveau pont de la
route de Vauguières. On voit les 6 voies de la gare (assez longues
pour stocker des trains de marchandises), avec les emplacements
pour 2 voies supplémentaires de part et d'autre, et les 3 quais
donnant accès à 4 voies (au centre de chacun des blocs de 3 voies,
une voie «passante» est prévue pour les TGV sans arrêt à
Montpellier). À l'arrière, le bâtiment de la gare, et les 3 rampes
donnant accès aux quais (il y a également 3 escaliers).
Les voies et la gare, depuis le nouveau pont de la route de
Vauguières
...elle est annoncée pour le 14 décembre
2016. En attendant, la restitution des EGRI, le conseil régional
du 28 novembre a beaucoup parlé de gares TGV.
Et un avis intéressant concernant l'aéroport de
Notre-Dame-des-Landes
Restitution des EGRI le 14 décembre 2016, à 16h à Toulouse
La Région Occitanie a annoncé une «restitution publique» des
États Généraux du Rail et de l'Intermodalité (EGRI), le mercredi
14 décembre 2016, à l'hôtel de région de Toulouse.
Les personnes qui souhaitent y assister doivent s'inscrire sur
cette page: http://www.laregion.fr/restitutionegrim
Le conseil régional du 28 novembre 2016: on y parle de gares TGV
Dernière séance de l'assemblée plénière du conseil régional avant
la restitution de l'EGRI, et première séance après l'annonce par
la SNCF qu'il n'y aurait que 2 allers-et-retours quotidiens à la
gare de la Mogère, les questions ferroviaires ont été omniprésents
lors de cette séance du lundi 28 novembre 2016: pas moins de 30
minutes tournant autour des gares TGV, à voir ci-dessous en vidéo
(l'enregistrement complet est ici
sur le site internet de la Région, durée totale 12 heures!).
Cette séance était également consacrée à l'aménagement des
transports régionaux (gares, trains, autocars) pour les
handicapés, ou encore à la transition énergétique (économies
d'énergie et volonté d'aboutir à une région positive en énergie,
ou du moins en électricité avec le photovoltaïque et les éoliennes
en mer).
Discours introductif de la présidente (extrait de 30 s)
La présidente Carole Delga annonce la prochaine restitution des
EGRI avec l'annonce des priorités de la Région: en particulier les
«trains du quotidien» (TER).
(lien vers
le fichier vidéo)
Amendements déposés par le groupe Nouveau Monde en Commun (2 mn
30 s)
Pour le groupe NMEC (Nouveau Monde en Commun: écologistes et
Front de Gauche), Christian Dupraz, élu en charge de
l'organisation des EGRI, indique le dépôt de 3 amendements:
- amendement n°10: pour étudier la réouverture de voies ferrées
désaffectées (il sera adopté)
- amendement n°11: pour augmenter la vitesse sur la ligne
existante Bordeaux-Toulouse au lieu de construire une LGV (il sera
rejeté par le PS, le PRG et la droite)
- amendement n°12: pour cesser les subventions aux compagnies
aériennes «low-cost» (amendement rejeté également)
Pendant cette présentation, Mr Dupraz rappelle son soutien de son
groupe au fret ferroviaire à la desserte de tout le territoire, et
son opposition aux gares TGV inutiles.
(lien vers
le fichier vidéo)
Intervention de Joseph Francis (UDI) en faveur de la gare de
Manduel (14 mn 40 s)
Joseph Francis, pour le groupe de droite, s'alarme des doutes sur
la gare de Manduel, et demande à la Région de revenir sur le gel
des financements des gares TGV de la Mogère et de Manduel.
Carole Delga lui répond que le nombre de TGV prévus à la gare de
la Mogère est très faible, et que la Région a par contre obtenu
que SNCF Réseau instaure des péages qui vont permettre à «60 à
80%» du fret de passer par la nouvelle ligne du contournement de
Nîmes et Montpellier (CNM) et donc de désaturer la voie classique
et les centres-villes.
La discussion part également sur l'hinterland de Poussan, objet
d'une autre décision du conseil régional.
Carole Delga défend la pertinence de la gare TGV de Bressols
(entre Montauban et Montech, sur le projet de LGV
Bordeaux-Toulouse), qui permet des correspondances ferroviaires.
Christian Dupraz (EELV) précise que, même avec la gare de
Manduel, les prévisions de trafic sont très insuffisantes pour
justifier les gares TGV. Carole Delga confirme ce point.
(lien vers
le fichier vidéo)
Intervention de Frédéric Touzellier (LR) en faveur de la gare de
Manduel (7 mn)
Frédéric Touzellier, autre élu de droite et maire de Générac (au
sud de Nîmes), réclame lui aussi la gare de Manduel, comme son
collègue Joseph Francis.
Carole Delga lui explique qu'il faut «tenir un langage de
vérité», c'est-à-dire voir les problèmes posés par le projet
actuel des gares de Manduel et de la Mogère. Elle regrette
également l'absence de connexion entre le CNM et la voie
classique.
(lien vers
le fichier vidéo)
Subvention au tramway vers la Mogère: demande de rectification
du groupe NMEC (2 mn)
Nous avions dénoncé cette
subvention votée le 24 juin 2016, jour de l'adoption du
nouveau nom «Occitanie», qui avait également vu du volet local du
contrat de plan État-Région sur la Métropole de Montpellier, avec
une annexe financière prévoyant la subvention de 4 M€ pour le
prolongement de la ligne 1 du tramway jusqu'à la gare de la
Mogère.
Pour le groupe NMEC, Christian Dupraz explique que l'annexe
financière leur a été fournie trop tard, ce qui fait que les élus
ont été piégés. Il demande donc un rectificatif du compte-rendu de
la séance, ainsi qu'un nouveau vote sur cette subvention. Carole
Delga accepte de joindre le rectificatif au compte-rendu, mais
refuse le nouveau vote.
(lien vers
le fichier vidéo)
Le saucissonnage des projets: le SCOT de Nantes relevé par une
commission d'enquête
Les grands projets inutiles ne pourraient pas se faire sans la
technique du «saucissonnage», technique au demeurant illégale, qui
permet de lancer la partie la plus facile d'un projet, en masquant
une grande partie du coût et des conséquences négatives qu'ils
entraînent. Par exemple: on prévoit un tronçon d'autoroute
interurbaine, peu coûteux et financé par les péages, mais on
oublie de dire qu'il faudra financer sur fonds publics des
embranchements urbains très coûteux et qui pénalisent beaucoup de
riverains.
Dans notre cas, il s'agit d'utiliser un projet jugé utile, le CNM
(contournement de Nîmes et Montpellier), pour traîner des projets
inutiles (les gares TGV de la Mogère et de Manduel, et les
opérations immobilières de Philippe Saurel à Montpellier et d'Yvan
Lachaud à Nîmes). De plus, le projet a été modifié pour être moins
utile, en supprimant l'aiguillage initialement prévu entre le CNM
et la gare existante Montpellier St-Roch. La Commission Européenne
a engagé une procédure pré-contentieuse «EU Pilot» sur ce point.
Or le même problème se pose à Notre-Dame-des-Landes, près de
Nantes, où l'on discute d'un nouvel aéroport comportant juste des
pistes et une aérogare, sans dire un mot des routes, autoroutes,
voies ferrées et tram-train qu'il est prévu de construire pour que
l'aéroport puisse effectivement fonctionner. La Commission
Européenne a constaté l'illégalité de ce saucissonnage.
Et voici donc que, pour la modification du SCoT (schéma de
cohérence territoriale) de Nantes - St-Nazaire, la commission
d'enquête donne un avis «positif avec réserve» (lien vers la
page de l'enquête publique en ligne... d'ailleurs du jamais
vu dans notre région), et la réserve consiste essentiellement à
demander qu'il soit mis fin à ce saucissonnage.
La fédération France
Nature Environnement (FNE) a publié un communiqué à ce sujet,
le 29 novembre 2016.
ou comment une coquille vide, une discrète
Sàrl luxembourgeoise, s’est retrouvée actionnaire principal de
SAS Gare de la Mogère.
Nous avons publié ce
document (PDF, 9 pages) sur les conditions extravagantes qui
ont abouti à la signature d'un contrat de partenariat (partenariat
public-privé, PPP) pour la gare de la Mogère.
Ce document montre que:
-
la société exploitante appartient à une coquille vide, «DIF
Infra 3 PPP 2 Luxembourg S.à r.l.», appartenant à DIF (un
gestionnaire hollandais de fonds financiers), basée au
Luxembourg, au sein d'un montage baroque basé sur une
multitude de sociétés enregistrées dans différents pays
-
lors du concours qui a aboutit à la signature du PPP, cette
structure «DIF...» faisait partie d'un groupement qui a été
éliminé dès la première étape du concours, mais qui s'est
miraculeusement pourtant retrouvée au sein du groupement
déclaré vainqueur.
-
l'absence de nécessité technique de construire une gare était
bien connue
-
les estimations de trafic ont été terriblement gonflées pour
présenter le projet comme justifié. On est passé de 11 A/R
quotidiens annoncés en 2011-2012, pour la première phase
d'exploitation (en l'absence de gare TGV à Manduel), à 5 A/R
quotidiens dans l'enquête publique de 2014, et à 2 A/R lorsque
la question a enfin été posé à l'exploitant, SNCF Mobilités.
-
il y a une consanguinité dangereuse entre le ministère des
transports et la branche française de DIF: le responsable du
bureau parisien de DIF était en charge du financement des
nouvelles infrastructures ferroviaires au ministère des
transports jusqu'en 2007, moment où il est passé chez DIF en
apportant des informations détaillées, dont l'accès a très
longtemps été refusé au public, ou même aux élus.
-
on constate que le véritable pilote du projet, ce n'est pas
les autorités publiques, mais les financiers, qui ont
savamment étudié la technique: connaître le projet le plus tôt
possible, repérer les personnes clés, éviter de faire des
vagues car il suffit de peu de choses pour faire capoter le
projet (surtout quand il est inutile!), et être patient.
Nous appelons donc les autres partenaires impliqués dans les
projets des gares TGV de la Mogère et de Manduel, en particulier
Philippe Saurel, président de la Métropole de Montpellier, ainsi
que SNCF Réseau, à constater les conditions anormales qui ont mené
au lancement du projet et à la signature du contrat de
partenariat, et à en tirer les conclusions qui s'imposent.
Nous rappelons que deux associations impliquées dans le
collectif, ATTAC Montpellier et ASSECO CFDT L-R, ont déposé des
recours contentieux visant à annuler le PPP.
Voici une compilation des derniers faits
marquants de l'année 2016:
- les conclusions des États Généraux du Rail
- la poursuite des chantiers
- l'avis au vitriol de l'AE sur la gare de Manduel
- les millions de Saurel pour la ZAC Oz (stade de foot, Sup de
Co', ponts, modification du PLU)
Les conclusions des États Généraux du Rail et de l'Intermodalité
(EGRI)
La présentation des conclusions des États Généraux du Rail et de
l'Intermodalité, ou «restitution», a eu lieu le 14 décembre 2016,
à Toulouse. Le public pouvait y assister, sur place (sans
intervenir) ou en retransmission vidéo par internet. Tout est
disponible à cette adresse: http://www.laregion.fr/EGRIM
On y trouve d'abord le bilan de concertation, comprenant:
- Les résultats
du sondage organisé par la SOFRES auprès des usagers (13
532 questionnaires dépouillés). [ajout 03/01/2017]
Avec beaucoup d'éléments sur tous les sujets. Voir notamment,
page 37, l'absence de priorité souhaitée sur les gares TGV (il
n'y avait pas de question pour/contre):
- La contribution
du CESER (conseil écononomique, social et environnemental
régional), déjà connu, mais sans grand intérêt. Le CESER a
d'ailleurs très peu diffusé cette contribution du 20 juin 2016.
Concernant les gares TGV, il n'y a pas eu d'accord parmi les
membres du CESER.
La CFDT se prononce clairement contre: «La CFDT s'exprime
également contre la création de nouvelles gares TGV
extérieures aux villes, sans correspondance avec les TER ou
autres lignes de trains classiques existantes.
En cohérence, elle reprend les critiques contre
la gare de la Mogère (Montpellier Sud de France) qui n’est
pas reliée au réseau TER, se trouve à plus de 40 min du
centre-ville et est située en zone inondable.»
L'UNSA (une autre syndicat), dans un appel général aux
investissements publics, se prononce pour ces gares TGV, sans
donner d'argument: «En l’état actuel, l’UNSA considère
que la construction des deux gares TGV, Manduel et
la Maugère [sic] doivent se
réaliser rapidement.»
- La synthèse
des contributions écrites aux EGRI (environ 300
contributions, dont 100 provenant d'organisations):
- Pour un réseau ferroviaire utile à tous, qui ne soit pas
sacrifié au profit de la voiture et du car, et qui ne serve
pas qu'aux métropoles.
- Sur la grande vitesse, les avis sont mitigés sur
Bordeaux-Toulouse (les décideurs y sont favorables),
favorables sur Montpellier-Perpignan y condition que la ligne
serve également au fret, et sur la ligne Grand Sud
(Bordeaux-Marseille) il y a un consensus pour améliorer la
vitesse
- Gares TGV: «Très peu d’acteurs et d’arguments pour
les soutenir». Opposition radicale à la Mogère, «sentiment
plus nuancé» sur Manduel, et soutien des élus locaux
pour une gare TGV près de Narbonne.
- Le public est favorable au maintien des trains de nuit, aux
trains transversaux (trains d'équilibre du territoire), et aux
trains de montagne (Cévenol, Aubrac, Train jaune).
- La priorité est demandée sur le fret et les «trains du
quotidien» (trains régionaux).
- La synthèse
des prises de parole dans les 37 réunions publiques (3100
participants, 13 800 questionnaires recueillis), avec également
des éléments tels que:
- Problèmes de fiabilité (retards, trains supprimés,
réductions de vitesse sur les petites lignes)
- Petites gares: manque d'information, trop souvent fermées
- La SNCF met les TGV en avant (plutôt que les TET), ne
dialogue pas, et ne respecte pas ses engagements
- Améliorer les TER, rouvrir des lignes (TER, fret, cars)
- Encourager le fret ferroviaire, par exemple à Montpellier
(où la gare de marchandises a été démantelée)
- Améliorer les correspondances (gares d'échanges comme
Baillargues, compatibilité des horaires franco-espagnols,...)
- Éviter la concurrence avec la route (dont les «cars
Macron»), favoriser l'utilisation du vélo
- Débats sur l'utilité des LGV, des TET, et pour l'utilisation
du fret
- «Des gares nouvelles qui posent question»: en
particulier contre Montpellier-la Mogère, Nîmes-Manduel, et
Béziers A75.
Les conclusions
et les engagements sont dans un livret de 80 pages, incluant
10+1 engagements:
- Améliorer la fiabilité des TER
- Harmoniser les tarifs des TER Languedoc-Roussillon et
Midi-Pyrénées
- Améliorer l'offre TER, en rouvrant des lignes (avec le soutien
d'autres partenaires publics), et en augmentant les fréquences
sur Montpellier-Nîmes grâce au CNM (qui absorbera une partie du
trafic fret) et autour de Toulouse (avec l'ouverture de la LGV
Bordeaux-Toulouse, à laquelle la Région est très attachée)
- Rendre les gares et arrêts routiers accessibles aux handicapés
- Construire des LGV: contournement de Nîmes et Montpellier
(2018), LGV Bordeaux-Toulouse (2024), LGV Montpellier-Béziers
(2025-2030).
La LGV Montpellier-Perpignan complète n'est donc pas prévue dans
l'immédiat, et la LGV Montpellier-Béziers doit desservir
Béziers-centre et non une nouvelle gare excentrée et sans
correspondance dite «Béziers-A75». On note aussi:
«Gares nouvelles
Chef de file de l’intermodalité, la Région
soutiendra, à l’avenir, les projets de gares nouvelles
seulement s’ils sont utiles à la population, interconnectés
quai à quai avec le réseau classique et
desservis par les réseaux urbains.»
Logiquement, on voit donc mal comment la Région pourrait
reprendre le financement de la gare de la Mogère, si elle
respecte cet engagement.
- Cars et «transport à la demande»: hiérarchiser l'offre et
éviter les doublons avec le train
- Multiplier les gares d'échange, dits «pôles d'échange
multimodaux», avec des correspondances entre train, bus, vélo et
covoiturage. Il paraît que c'est nouveau.
- Demande de maintien des TET (trains d'équilibre du territoire)
de jour et de nuit. Sans beaucoup de promesses.
- Soutenir le fret ferroviaire, utiliser des embranchements (au
port de Sète entre autres), soutenir une écotaxe sur le transit
de poids lourds
- Continuer la concertation et créer un «GART» régional (GART =
groupement des autorités responsables des transports, structure
qui existe depuis longtemps au niveau national)
- L'innovation est censée s'ajouter aux 10 points précédents,
avec:
- un meilleur service aux usagers (personne n'y avait pensé
avant?)
- un lien étroit avec la Caisse des Dépôts (actionnaire
d'ICADE) et le ministère des finances (qui milite pour les
PPP): pas vraiment de quoi nous rassurer!
- «l'innovation sociale et/ou environnementale»
- la concertation
- l'évaluation d'un TER hybride diesel-électrique, promettant
10 à 15% d'économie selon son constructeur Alstom
(la nature de cette innovation n'est pas connue: il y a depuis
longtemps des trains bi-mode diesel-électrique, des trains
diesel à transmission électrique, d'ailleurs pas forcément
économes, des trains bi-courant 1,5kVdc et 25kVac, des trains
aptes à la récupération d'énergie au freinage en zone
dense,...)
La poursuite des chantiers
En pratique, les chantiers continuent, la suspension des
financements régionaux ne semble rien y changer.
À Montpellier, la pose des éléments de toiture en béton fibré
ultra-fin a pris son rythme de croisière.
À Manduel, la construction illégale de la gare (les 2 voies TGV
et leurs quais) continue, en l'absence de toute autorisation,
étude d'impact ou permis de construire.
L'avis au vitriol de l'Autorité Environnementale du CGEDD sur la
gare de Manduel
Avant toute enquête publique, l'étude d'impact doit être évaluée
par une Autorité Environnementale (AE) pour permettre au public de
savoir si elle a été correctement réalisée. L'AE rend un avis
consultatif, qui est joint au dossier d'enquête publique.
Selon le cas, l'AE est une fonction qui dépend des Préfectures,
ou bien du Ministère de l'Écologie. Dans le cas de la gare TGV de
Manduel, c'est ce dernier, via le CGEDD (conseil général à
l'environnement et au développement durable) qui a rendu son avis
sur le projet d'étude d'impact relatif à la gare TGV de Manduel et
à sa voie routière d'accès.
Cliquez
ici pour lire l'avis de l'AE du CGEDD sur la gare de Manduel et
sa voie routière d'accès, du 21 décembre 2016 (34 pages).
La Marseillaise s'en est fait l'écho dans un article du 28 décembre 2016: «L'aménagement
vers la nouvelle gare de Manduel critiqué»
Cet avis est un véritable réquisitoire:
- D'abord contre le saucissonnage du projet d'ensemble constitué
par le CNM, la gare TGV de Montpellier-la Mogère, et la gare TGV
de Manduel.
L'AE dénonce que, selon SNCF Réseau, la gare de Manduel serait
indépendante du CNM (contournement de Nîmes et Montpellier) qui
la dessert, ce qui est effectivement hallucinant
- Le projet est mal défini: les parkings varient selon les
documents (et il n'y a ni variante ni justification des choix),
l'urbanisation voulue le long de la route d'accès n'est pas
encore définie. L'AE s'est d'ailleurs auto-saisie du dossier de
la mise à jour des documents d'urbanisme de Manduel et de
Redessan, et demande qu'une demande commune de DUP soit déposée.
- La présentation est complexe: les critères d'analyse sont
différents pour des équipements pourtant situés côte à côte, et
des modifications ont été faites sous la forme d'amendements qui
devraient être intégrés au dossier
- Le scénario «sans gare nouvelle» n'est pas évalué, et la
raison du choix de Manduel plutôt que Campagne (près de Garons,
sans correspondance) n'est pas indiquée. La site de Campagnolle
(Générac, sur la ligne Nîmes - Grau-du-Roi), lui, souffre d'être
inondable.
- La destruction d'espèces protégées n'est possible qu'en cas
d'intérêt public majeur, ce qui ne peut pas être évalué si on
n'examine qu'une partie du programme d'ensemble.
- L'AE reprend à son compte l'avis du CNPN (conseil national de
protection de la nature) du 23 novembre 2016, dénonçant le flou
dans les surfaces détruites par le projet
- Il n'y a pas de certitudes sur que les compensations
environnementales soient durables. Notamment pour le lézard
ocellé, où SNCF Réseau propose juste de protéger un espace où il
est déjà abondant, ce qui ne peut compenser la destruction de
cette espèce par la gare
- L'aspect hydraulique n'est pas assez détaillé ni justifié
- L'impact de la gare de Manduel sur les gares de Montpellier,
et les impacts induits (ex: augmentation du trafic automobile)
doivent être évalués
- L'évaluation socio-économique (bilan coûts-avantages) est trop
partielle. L'horizon temporel est incertain. Le bénéfice attendu
tient au gain de 10 mn entre Nîmes et Montpellier mais il ignore
les temps d'accès aux gares TGV excentrées.
- Le volet lié à l'urbanisation autour de la gare TGV devrait
être inclus dans le dossier, même s'il s'agit d'une ZAD (zone
d'aménagement différé).
- Certaines phrases du «résumé non technique» sont
incompréhensibles
On apprend au passage que la 3e voie TER (pour des navettes
ferroviaires Nîmes-Manduel) n'est incluse dans le projet qu'à
titre de mesures conservatoires.
On y trouve aussi que les enjeux environnementaux principaux
relèvent de 3 espèces d'oiseaux (Outarde canepetière, Œdicnème criard et
Pie-grièche à tête rousse) et de nombreux reptiles dont le Lézard
Ocellé. Le site n'est pas inondable, mais une nappe phréatique se
situe à quelques mètres de profondeur.
Les millions de Saurel pour la ZAC Oz (stade de foot, Sup de
Co', ponts, modification du PLU)
Au départ, la ZAC Oz (autour de la gare de la Mogère) allait
assurer la prospérité de Montpellier en attirant des entreprises
dynamiques.
Comme on le sait, ce projet, voulu par Georges Frêche, a été
porté par Jean-Pierre Moure, et sa pertinence a été contestée par
Philippe Saurel (candidat à la mairie de Montpellier, puis récent
élu à l'Agglomération) qui a plusieurs fois annoncé son abandon,
puis simplement la réduction de sa surface. En réalité, le projet
n'a jamais été arrêté, il a juste été rebaptisé (en ZAC «quartier
de la Mogère»), et sa surface est inchangée (350 ha à terme, 60 ha
pour la première phase).
Ensuite, il s'agissait, au moins, d'éviter une perte financière
sèche pour l'Agglomération, en revendant à bon prix les terrains
agricoles expropriés par l'Agglomération.
Mais au final, il s'avère que l'opération va être financièrement
désastreuse, et que c'est l'argent des contribuables qui est
utilisé pour renflouer la Métropole (ex-Agglomération) de
Montpellier.
Il a été démontré depuis longtemps que la présence d'une gare TGV
n'attire pas les entreprises: ni leurs salariés, ni leur
logistique, n'utilisent le TGV. Lorsque des entreprises
s'installent près d'une gare TGV excentrée, c'est tout simplement
parce que les élus leur ont proposé des terrains à un prix
imbattable. Et à Montpellier comme ailleurs, on ne voit pas les
entreprises s'y précipiter.
La dernière annonce en date de la Métropole, c'est la
construction d'un nouveau stade de foot dans la ZAC Oz, à l'ouest
de la gare de la Mogère. Le stade de la Paillade, plus grand, est
inondable, mais n'est-il pas possible de vivre avec ce risque?
Stocker les équipements à l'étage pour éviter les dégâts coûteux,
et prévoir une solution de repli au stade de rugby lorsque le
stade est inondé, ce serait sans doute suffisant. Mais non,
Philippe Saurel a décidé de dépenser plus de 100 M€ pour
construire un nouveau stade de foot et ainsi occuper des terrains
dans la ZAC Oz.
Ce sont aussi des dizaines de millions d'euros que Philippe
Saurel dépense, au nom des contribuables, pour franchir les
autoroutes et le CNM, pour la ZAC Oz. Alors que la construction de
l'extension du tramway jusqu'à la gare est toujours incertaine et
non autorisée, deux ponts sont déjà construits, l'un (achevé)
au-dessus du CNM, et l'autre (en cours de construction) au-dessus
de l'A9 bis, tout ceci intégralement aux frais de la Métropole.
C'est le 30 septembre 2015 que Philippe Saurel a fait voter ces
dépenses monumentales, en quelques secondes et sans donner la
moindre information pertinente aux élus, par le conseil de
métropole: revoir
la vidéo.
Enfin, on se souvient de la dénonciation de Philippe Saurel
contre les avantages octroyés par la mairie à André Deljarry,
président de la CCI de Montpellier, juste après son élection à la
mairie de Montpellier. Un chapitre de
la rubrique «désintox» a été consacré à cet épisode fameux.
Il s'agit de modifier les règles du PLU de Montpellier pour que
l'école Sup de Co' puisse revendre à un prix élevé ses terrains
historiques dans le quartier d'Alco, en échange de son
déménagement dans la ZAC Oz: c'est du moins le procès que faisait
alors Philippe Saurel. Il faut remarquer que lorsque ces règles
ont commencé à être modifiées, Philippe Saurel n'était pas encore
maire, mais il était adjoint à l'urbanisme, et donc a priori
impliqué dans l'opération.
Une nouvelle étape de cette opération est franchie avec la
dernière modification du PLU de Montpellier, en cours d'enquête
publique du lundi 12 décembre 2016 au vendredi 13 janvier 2017.
Lire l'arrêté
d'ouverture d'enquête et l'avis
affiché. Comme d'habitude à Montpellier (et contrairement à
la majorité des autres villes), le dossier n'est pas disponible
par internet.
La description est particulièrement discrète, voire mensongère:
elle indique uniquement «la création de périmètres délimités
des abords des monuments historiques “Domaine du
Château de Bonnier de la Mosson” et “Parc et ouvrages d’art du
Château d’O”». Qui s'inquièterait de la création d'un
périmètre de protection? C'est bien sûr un leurre.
Car d'une part, créer un périmètre délimité ne sert pas à mieux
protéger les espaces indiqués, au contraire: sans périmètre
spécifié, il existe une distance de protection dans un rayon de
300 m. En créant un périmètre, la Métropole réduit très nettement
les surfaces protégées contre l'urbanisation.
Et surtout, ceci n'est qu'une petite partie des points modifiés
dans le PLU. Globalement, il s'agit de permettre une forte
densification de l'urbanisation sur la commune de Montpellier, et
de permettre certaines opérations immobilières spécifiques.
On y trouve aussi la
modification n°26, «Quartier Mosson - Avenue des Moulins;
classement en secteur de zone 2U1-1bw; Création d'une
orientation d'aménagement et de programmation “secteur Avenue
des Moulins - Mas de Campagne”» (14 pages). Il
s'agit de supprimer toutes les restrictions à l'urbanisation qui
existaient sur les terrains de l'école Sup de Co' à Alco (la
modification de Saurel, adjoint à l'urbanisme en 2006, dénoncée
par Saurel, maire de Montpellier en 2014, ne les supprimait que
partiellement), et donc de permettre l'urbanisation dense de tout
le secteur. De quoi finir de convaincre l'école Sup de Co' de
s'installer à la Mogère.
Alors que la métropole de Montpellier a l'habitude d'exproprier
les propriétaires de terrains avant de modifier le PLU pour rendre
les terrains constructibles et augmenter énormément leur valeur,
on voit que dans le cas de l'école Sup de Co' les choses ne se
passent pas dans le même ordre. Tant mieux pour les propriétaires
de l'école Sup de Co', et tant pis pour les contribuables!